Image joyeuse
J’insiste avec mes soupçons concernant les mobiles latents des montreurs de souffrance. Je sais que c’est pour la bonne cause. Je pense, cependant, que la noblesse de cette cause peut cacher d’autres motivations, plus triviales. En montrant l’animal souffrant, je déclenche une réaction empathique. Par ce biais j’attire l’attention sur la victime, c'est vrai. Mais je l'attire aussi, par ricochet, sur le dénonciateur de l'acte de cruauté, à savoir sur moi-même. Puisque ce que je dénonce est gravissime (le massacre quotidien d'une myriade d'innocents), tout autre argument passe au second plan. Résultat : je suis le maître du discours sur les animaux.
Voici une autre motivation inavouable : ai-je un penchant pour les fantasmes sadiques ou nécrophiles ? La dénonciation des violences infligées aux animaux, images à l’appui, me permet de les partager et savourer avec d’autres "indignés".
Or, dans le cadre d'une performance "animalitaire", comment dissiper ces
soupçons d’opportunisme et de nécrophilie? C’est facile. Il suffit d'alterner les images insoutenables et les images paradisiaques : le vison écorché vif c'est bien, le cheval squelettique c'est pas mal non plus ... mais il faut les assortir au porcelet joyeux, au veau qui sautille et au chat qui fait
le pitre : « Vous voyez ? Nous ne sommes pas là que pour vous
montrer la mort ! ». Je salue tout particulièrement, dans ce domaine, les progrès accomplis par le mouvement L214*.
* Je fais pareil, je le sais. La seule différence, peut-être, c’est que je le reconnais.
Votre image joyeuse est en passe de devenir très mélancolique.
RépondreSupprimerC’est comme pour les rumeurs : les images joyeuses ont toujours quelques imperfections.
SupprimerPeut-être le plaisir n’est pas seulement dans le partage avec d’autres “indignés”, mais dans la possibilité de dévoiler ce monde violent, immoral, corrompu, à ceux qui jouissent encore de leur ignorance… Je suis passée de l’autre côté, je ne serai plus jamais la même, alors venez vous aussi me joindre ! Votre souffrance m'apaisera (pendant quelques instants)...
RépondreSupprimerD’un côté je vais dans votre direction. J’aperçois en fait dans ma carnivorité (de moins en moins désinvolte) une forme d’ignorance : je suis bien au courant de la souffrance engendrée par mon régime alimentaire et je cherche à ne pas trop y penser. J’ignore donc cette évidence au sens actif du terme. Si j’en veux aux Antispécistes, d’ailleurs, c’est qu’ils me rappellent tous les jours cet aspect troublant - en dépit de sa normalité - de mon rapport aux autres créatures. D’un autre côté, me méfiant de l’évolutionnisme moral et social, j’ai du mal à considérer les carnivores (ceux qui vivent dans une culture carnivore, les porteurs d’un ethos carnivore) comme des ignorants qui attendent d’être éclairés.
RépondreSupprimercome sei noioso. Sempre le stesse cose. Potresti almeno approfondire, spiegare meglio. Uffa
RépondreSupprimer1) È vero. 2) Avanzo a piccoli tratti, come gli Impressionisti. 3)Hai la coda di paglia.
Supprimerno, ho una coda pelosa
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