lundi 2 novembre 2020

L’assassinat de Samuel Paty et ses commanditaires


J’évoque une évidence : ce qui rend doublement atroce  l’assassinat de Samuel Paty est la scénographie choisie par son bourreau. Dans l’esprit de ce « justicier » il s’agissait d’un geste religieux, d’une « immolation ». Même le carnage perpétré dans la rédaction de Charlie Hebdo, se réclamant d’un mandat transcendant et invoquant, dans l’action, le nom du « mandataire »,  se voulait  « sacrificiel ».

Dans Faut qu’ça saigne,  je résume ainsi le fonctionnement du dispositif sacrificiel tel qu'il est décrit par René Girard : 

« L’imagination mythique représente la crise mimétique comme une stagnation, une épidémie ou une punition venant sanctionner l’impureté qui affecte la communauté. Comment la neutraliser ? Comment endiguer la violence qui s’emballe fatalement, avec la vitesse d’un effet Larsen, au sein de la famille, du groupe, du village ? En la projetant sur la cause prétendue de cette impureté, qui dès lors devient le bouc émissaire. L’ exemple paradigmatique est le rite du pharmakos, dans la Grèce ancienne »*.

Freud, portant l’accent sur les motivations inconscientes du tueur, verrait les choses autrement : « Le mandataire du meurtre,  cher assassin, n'est pas le Dieu dont tu te réclames. Derrière toi il n’y a personne : tu es un  ventriloque ».

*Faut qu'ça saigne. Écologie, religion, sacrifice, Éditions Dépaysage, 2020

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