mardi 26 octobre 2021

Faut-il abolir la chasse ? Autour de la propriété morale des espaces alpins (1 sur 3)


 

Les Alpes dans un tableau du peintre et alpiniste Nanni De Biasi

 

Les jours sont peut-être comptés pour la chasse en Italie. Un referendum est prévu et le risque qu’on mette fin à cette activité controversée est bien réel. Lors du referendum précédent, les rédacteurs de la revue Géographie alpine ont eu la gentillesse de publier un article dans lequel j’exprimais mon point de vue sur la question. Je leur suis très reconnaissant parce que cette courte analyse, déjà à l’époque, n’avait pas fait l’unanimité auprès du comité de lecture. Je me demande si elle serait encore acceptable  aujourd’hui.

J'y critiquais comme d’habitude l’attitude de l’éco-touriste qui, à l’instar des missionnaires et autres évangélisateurs, prétend répandre la bonne nouvelle dans les campagnes.

L’article s’appelle « Mauvais indigènes et touristes éclairés. Sur la propriété morale de la nature dans les Alpes » (Revue de Géographie Alpine Année 2003 91-2 pp. 9-25). J’en cite ici quelques passages :

« Aujourd'hui plus que jamais, cette délégitimation de l'autochtone, sorte de pécheur qu'il faut convertir voire carrément remplacer, prend des formes particulièrement explicites, notamment lorsque le comportement à stigmatiser, comme dans le cas de l'activité cynégétique, a des fortes implications morales. À l'occasion du dernier référendum contre la chasse, la presse italienne a publié la photo d'un paysan, les yeux masqués par un rectangle noir, à côté du chevreuil qu'il vient de tuer. « Bandit ? » demande et suggère la légende, en conviant les citoyens à « bannir » de leurs terres les responsables de tels actes sanglants. « II rôde dans la campagne armé d'un fusil. Il s'amuse à tuer les animaux. Il envahit des terrains qui ne lui appartiennent pas en mettant en danger ceux qui y vivent parce qu'en Italie il a le droit d'accès dans n'importe quel terrain. On pourrait l'empêcher de continuer, en bannissant la chasse des territoires privés grâce au referendum du 15 juin. Rappelle-toi de voter oui à la troisième question sur le bulletin bleu. Et si tout va bien, tout chasseur sera chassé. Mieux, il sera banni » (en italien « bandito » qui signifie aussi « bandit », ce qui rend possible le jeu de mots inspirant cette page du quotidien La Repubblica de 7 juin 1997 achetée par le IFAW - International Fund for Animal Welfare). (À suivre).

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