Un grand merci aux chasseurs (ce cliché m'a été transmis par Armelle Sêpa)
Dans la conclusion de mon ouvrage Le retour du prédateur je prophétisais la fin de l’opposition domestique/sauvage et l’instauration d’un monde meilleur où touristes, agriculteurs et chasseurs cohabiteront dans l’admiration mutuelle :
« Dans sa célèbre fresque consacrée aux Effets du bon gouvernement, Ambrogio Lorenzetti nous montre la ville de Sienne, riche et riante, et une campagne opulente qui s’étend à perte de vue. La forêt est réduite à une citation. Aujourd’hui, pour illustrer le « Buongoverno », il faudrait s’y prendre autrement. La campagne devrait plutôt ressembler à une friche industrielle réhabilitée ou, mieux encore, à un parc naturel, avec ses « crapauducs » pour faciliter les déplacements des batraciens, ses panneaux explicatifs (« là il y avait un four à chaux », « tas de bois en forme de cône : exemple typique de créativité locale » …), ses ethnologues secourables qui réapprennent aux autochtones les traditions indigènes. La ville, elle, aurait des murs verdoyants, comme les parois végétales du Musée de Quai Branly. Sur des toits fleuris on verrait atterrir et décoller des vols de cigognes, de choucas, de pigeons ramiers. Pour les édifices publics, à la place des châteaux et des églises, on pourrait envisager un bâtiment majestueux, du genre « Palais des expositions », issu de la fusion de deux instances obsolètes, le ministère de l’agriculture et celui de l’environnement. Il pourrait s’appeler : « Ministère de la bonne gestion du vivant », voire « Maison de la bonne gestion du vivant » (pour souligner l’aspect «cohésion » et « concertation » des décisions qui y sont prises) »*.
L’utopie est en passe de se réaliser. Et qui sera à la tête de ce nouveau ministère? Je mise sur Willy Schraen, le président de la Fédération nationale des chasseurs.
Le retour du prédateur. Mises en scène du sauvage dans la société post-rurale, Presses universitaires de Rennes, 2011, p. 123
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