jeudi 21 avril 2022

Le vote des brebis et celui des loups. (Peut-on encore ironiser en matière d’écologie ?)


Le sentiment religieux quitte les églises pour investir les prés et les forêts. La nature est de plus en plus sanctuarisée,  sacralisée. Et qui dit sacralisation dit gestion du sacré. Il  y a l’inquiétude pour le sort de la planète (réflexe légitime et largement partagé) et il y a les gestionnaires de l’ordre écologique, les « Éco-curés ». J’ y pense en lisant ce passage iconoclaste de Michel Houellebecq* présentant la controverse autour de la gestion des espaces verts de façon très imagée :

_ Absolument ! Au cap d’Agde c’est pareil, il paraît qu’ils ont interdit au public la zone de dunes. La décision a été prise sous la pression de la Société de protection du littoral, qui est complètement aux mains des écologistes. Les gens ne faisaient rien de mal, ils partouzaient gentiment ; mais il paraît que ça dérange les sternes. Les sternes, c’est une variété de piaf. Au cul les piafs ! » s’anima Bruno. « Ils veulent nous empêcher de partouzer et de manger du fromage de brebis, c’est des vrais nazis. Les socialistes sont complices. Ils sont contre les brebis parce que les brebis sont de droite, alors que les loups sont de gauche ; pourtant les loups ressemblent aux bergers allemands, qui sont d’extrême droite. À qui se fier ? » Il hocha sombrement la tête. 

 

* Les Particules élémentaires, Flammarion, 2021, p. 354

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