samedi 23 avril 2022

Pornographie de guerre. Que faut-il montrer?


J’y avais pensé mais je n’osais pas en parler. C’est la question des images qui nous sont proposées pour documenter les atrocités de la guerre en Ukraine. Elles sont précieuses. Elles nous incitent à la prise de conscience et à l’action. On ne peut qu’admirer les journalistes courageux qui mettent  en danger leur vie pour rendre visible ce que les envahisseurs russes cherchent à dissimuler. Dans l’émission radiophonique Radio Anch’io du 22 avril  une de ces journalistes – un pédigrée irréprochable, correspondante de l’étranger en Afghanistan, Somalie, Algérie, otage en Irak -  nous invitait à faire la part entre les images utiles et nécessaires, et les images sensationnalistes – liées à la logique de la société du spectacle – censées plaire à un public de voyeurs en quête d’émotions fortes.  Elle a parlé, comme je le fais pour l’exhibition gratuite de la souffrance animale,  de «pornographie ». Ses collègues, et notamment le directeur du quotidien La Stampa,  n’ont pas trop aimé son intervention. Je dirais qu’ils ne l’ont  même pas comprise. Et pourtant c’est un vrai dilemme : comment distinguer  la documentation sincère et nécessaire d’un fait tragique de sa mise en spectacle pour augmenter l’audience ?

2 commentaires:

  1. On peut faire les pires horreurs en toute sincérité, et en l'occurrence la nécessité dépend du point de vue que l'on cherche à défendre. J'ai tendance à penser que la question que tu poses, qui est d'ailleurs une de celle que posait Carl Kraus, amène à s'interroger sur ce que devrait faire les journalistes et sur ce qu'ils font effectivement (qui n'a malheureusement, pas grand'chose à voir), sur la nature de la fameuse "liberté de la presse" et de ce qu'elle cache comme imposture, inféodation et incompétence pure et simple. Je me demande si l'on peut sérieusement attendre quelque chose de bien du journalisme : j'ai l'impression qu'on ne peut y énoncer que des banalités. Je crois que le problème ne se trouve pas tant du côté des images et des commentaires, que de celui dont il serait sain de les appréhender : avec prudence (voire méfiance), en s'efforçant de tempérer les élans qu'elles suscitent, et en cherchant à en vérifier la réalité. Vu la situation qui existe depuis belle lurette, il faudra se contenter de la méfiance.

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    1. Je comprends. En ce qui me concerne j’ai la plus grande considération pour les journalistes. Parfois ils me rendent jaloux : il y en a qui arrivent à décrire la réalité avec une compétence et une clarté qui me font défaut. Il y en a d’autres, effectivement …

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