Ces derniers temps, on aime beaucoup se réclamer de la pensée d’Aldo Leoplod (A Sand County Almanac -1949) : l’homme, au bout du compte, n’est qu’une créature parmi tant d’autres, soyons écocentristes, mettons l’intérêt collectif, celui de l’ensemble du vivant, au cœur de notre action*.
Ernesto De Martino en voulait au relativisme absolu de certains ethnologues (notamment français) persuadés que, pour comprendre l’Autre, il faille oublier ce qu’on est. Sortir de son propre paradigme culturel, disait-il, est une illusion. Ce qu’on peut et doit faire, en revanche, c’est d’exercer l’ethnocentrisme critique : je ne peux comprendre l’Autre que par rapport à ce que je suis. L’objet de l’étude anthropologique n’est pas l’altérité mais la différence entre moi et l'Autre. Je reste le centre de mes analyses, c’est inévitable, avec mes valeurs, mes priorités etc., mais grâce à la comparaison je peux remettre en cause les fondements mêmes de ma vision du monde (et saisir donc ma relativité).
À la place de l’écocentrisme (exemple très sournois de "langue de bois"), je propose donc l’anthropocentrisme critique.**
* Je simplifie pour faire vite.
**J’en parle dans un entretien avec
Florent Kohler publié dans la revue Études Rurales No. 189, janvier-juin 2012
Sociabilités animales : https://journals.openedition.org/etudesrurales/9558
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