A-t-on le droit de discriminer les mots ? Je veux dire, a-t-on encore le droit de déclarer : « J’aime ce mot-ci, alors que celui-là me donne des boutons » ? Ça se discute : les tenants de la cancel culture diront que oui (« Certains mots doivent sortir du vocabulaire …), les wokistes diront que non (« Discriminer les mots, c’est discriminer leurs usagers … »)*. Le mot « cagnotte », en tout cas, ne me plait pas trop. Il me dérange autant que le mot « tiramisu » et que les emplois arbitraires de « problématique » et de « finaliser »** . Mais pourquoi ? Allez savoir. Je cherche son étymologie dans le dictionnaire : « De l’occitan canhòta - “ petite chienne“ ». Ce terme désigne aussi une « petite cuve utilisée pour la vendange »***. Rien de négatif, à priori***. Alors pourquoi je ne l’aime pas ? C’est à cause du diminutif en « otte », je crois, ce qui est bête et parfaitement gratuit : il y a des gens qui n’aiment pas les cerises, il y en a d’autres qui n’aiment pas les diminutifs en « otte ». C’est leur affaire.
Conscient du caractère injuste de mes idiosyncrasies je cherche à me soigner, mais je n’y parviens que partiellement. Tout récemment, je suis retombé sur le mot « cagnotte » et j’ai ressenti le même malaise que dans le passé, comme s’il recelait quelque chose d’intrinsèquement obscène.
* Ce passage montre à quel point je n’ai rien compris en matière de wokisme et de cancel culture.
** On n’a plus des problèmes, aujourd’hui, on a des problématiques. On ne finit pas, on finalise.
*** Fait-elle penser à une petite chienne ? Peut-être.
**** Même si les emplois du mot chienne, ne serait-ce qu’en italien (cagna), proposent des rapprochements extrêmement discutables (que j’aurais du mal à censurer, cependant, dans la mesure où ils contribuent à la richesse de la langue).
« Il n’y a aucune problématique, tu finalises ta soupe et tu auras un dessert. »
RépondreSupprimerArmelle Sêpa.
Voilà qui est dit (et c'est marrant).
SupprimerJ’aime bien le mot tirelire qui ramène à l’enfance !
RépondreSupprimerNicole Juin