Ça dépend des tempéraments. Certains chercheurs estiment que « les idées sont dans l’air du temps ». Ils ne donnent donc pas trop d’importance à leur origine. S’ils les trouvent bonnes ils les adoptent en se disant : « Tiens je l’ai toujours pensé ». Voire : « C’est une bonne idée, je vais la perfectionner ». Ils oublient vite leur source d’inspiration et finissent par se convaincre d’être à l’origine de la trouvaille. « Pourquoi suis-je à l’origine de cette trouvaille? Parce que je m’appelle Lion » ).
D’autres, pensent qu’il ne suffit pas que les idées soient dans l’air. Il faut aussi un « oiseleur » qui les attrape. Ils tiennent énormément au fait d’avoir ouvert une piste et lorsqu’ils sont paranoïaques, ils voient des plagiaires partout : « Elle écrit sur le même sujet que moi avec dix ans de retard et elle fait semblant de ne pas avoir lu mon bouquin ! …». « Il ne cite qu'une partie dérisoire de mes travaux tout en se nourrissant du reste … ». Souvent le chercheur paranoïaque se trompe : d’autres, avant lui, ont parcouru le chemin qu’il prétend avoir inauguré. Si on lui disait la vérité (à savoir qu’il n’est pas le vrai père de sa créature), il serait dépité mais il arrêterait de souffrir. Parfois, en revanche, c'est lui qui a raison, mais il a du mal à le prouver.
L’année qui s’ouvre, de ce point de vue, est prometteuse. En comparant deux textes et, plus largement, l'œuvre de deux auteurs, l’intelligence artificielle saura peut-être repérer des similitudes, des récurrences lexicales, des enchaînements typiques, des écarts chronologiques significatifs et, par là, des paternités et des filiations. Ce sera un peu comme avec la découverte de l’ADN : à partir d’une idée, d’une problématique, d’une perspective de recherche, on pourra remonter aux géniteurs.
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