mardi 22 décembre 2015

Des chats au Paradis?



Lorsque j'étais petit, même si on en parlait très bien, je n'avais pas hâte d'aller au Paradis. Je ne sous-estimais pas ses aspects positifs, pour autant : "Ce qui est bien, c'est que je retrouverai ma grand-mère, qui tenait beaucoup au Paradis. Et il y aura aussi mon chat blanc, lâchement assassiné sous mes yeux  par un braque-pointer lequel en revanche,  après ce geste inqualifiable, est sûrement allé en enfer".   Un jour - j'avais peut-être dix ans -  pendant un cours de religion on m'a annoncé que les animaux ne vont pas au Paradis :" C'est vrai? Et pourquoi? Parce que ce n'est pas prévu, un point c'est tout".  J'ai pensé, en italien :"Ma allora, se non ci sono i gatti, che razza di paradiso è?" . 

Après je me suis dit : "De toute façon, s'il n'y a pas mon chat, je n'y irai pas non plus".

5 commentaires:

  1. Yudhisthira (aîné des Pandava, fils du Dieu Dharma/Indra)
    ayant vu mourir ses frères, arrive seul devant les portes du paradis
    accompagné d'un chien qu'il ne connaît pas
    mais dont la fidélité le touche.

    Indra lui demande de l'abandonner,
    pour retrouver ses frères et Draupadi (leur épouse).

    Il refuse.

    (Mahabharata, chapitre XVII)

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  2. Eh bien, c'est un peu pareil. Je suis ému (mon chat aussi, je pense).

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  3. Quel petit billet touchant. J'aime beaucoup lorsque vous nous racontez des anecdotes de votre enfance.

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  4. Quand j'étais petite ( il y a entre une douzaine et une quinzaine d'années ) ma grand-mère ( née dans la fin des années 20 ) me parlait "du paradis des animaux". Ça me rassurait de savoir que mon poisson rouge, ainsi que les chats de ma grand-mère et de ma tante aillent dans un autre monde après leur mort. Elle disait aussi, quand il pleuvait, que Dieu pleurait, quand il faisait beau, que Dieu était heureux, etc. Ma maman voyait ces propos d'un mauvais oeil... Ma grand-mère doit faire une sorte de mélange entre christianisme et "paganisme", sans s'en rendre compte, tandis que ma mère est plus proche des dogmes de l'Eglise catholique. En Bretagne, il me semble que ça a été courant, ce syncrétisme entre croyances polythéistes locales et christianisme-catholique.

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  5. Vous avez raison. Voici un autre exemple de syncrétisme breton où il est question à la fois de météorologie et de chats : " En Bretagne, à la fin du XVIIIe siècle comme aussi de nos jours, la mer entrait en furie à la mort d'un grand homme, ou lorsque des criminels quittaient ce monde : en ce cas, c'est le diable qui vient chercher son âme au milieu de la bourrasque. Certains actes accomplis à terre peuvent provoquer la tempête : une femme qui a son mari ou ses parents en mer ne doit pas se peigner la nuit tombée. Il faut aussi qu'elle se garde bien de noyer un chat ; le meurtre de ce félin, à bord ou à terre, expose à du mauvais temps". (28 Paul Sébillot, Le folklore de France, La Mer (1904-1906) Paris, Imago, 1983 , p. 28

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