Lorsque j'étais
petit, même si on en parlait très
bien, je n'avais pas hâte d'aller
au Paradis. Je ne sous-estimais pas ses aspects positifs, pour autant : "Ce
qui est bien, c'est que je retrouverai ma grand-mère, qui tenait beaucoup au
Paradis. Et il y aura aussi mon chat blanc, lâchement assassiné sous mes yeux par un braque-pointer lequel en
revanche, après ce geste
inqualifiable, est sûrement allé en enfer". Un jour - j'avais peut-être dix ans - pendant un cours de religion on m'a annoncé
que les animaux ne vont pas au Paradis :" C'est vrai? Et pourquoi? Parce
que ce n'est pas prévu, un point c'est tout". J'ai pensé, en italien :"Ma allora, se non ci sono i gatti, che
razza di paradiso è?" .
Après
je me suis dit : "De toute façon, s'il n'y a pas mon chat, je n'y irai pas
non plus".
Yudhisthira (aîné des Pandava, fils du Dieu Dharma/Indra)
RépondreSupprimerayant vu mourir ses frères, arrive seul devant les portes du paradis
accompagné d'un chien qu'il ne connaît pas
mais dont la fidélité le touche.
Indra lui demande de l'abandonner,
pour retrouver ses frères et Draupadi (leur épouse).
Il refuse.
(Mahabharata, chapitre XVII)
Eh bien, c'est un peu pareil. Je suis ému (mon chat aussi, je pense).
RépondreSupprimerQuel petit billet touchant. J'aime beaucoup lorsque vous nous racontez des anecdotes de votre enfance.
RépondreSupprimerQuand j'étais petite ( il y a entre une douzaine et une quinzaine d'années ) ma grand-mère ( née dans la fin des années 20 ) me parlait "du paradis des animaux". Ça me rassurait de savoir que mon poisson rouge, ainsi que les chats de ma grand-mère et de ma tante aillent dans un autre monde après leur mort. Elle disait aussi, quand il pleuvait, que Dieu pleurait, quand il faisait beau, que Dieu était heureux, etc. Ma maman voyait ces propos d'un mauvais oeil... Ma grand-mère doit faire une sorte de mélange entre christianisme et "paganisme", sans s'en rendre compte, tandis que ma mère est plus proche des dogmes de l'Eglise catholique. En Bretagne, il me semble que ça a été courant, ce syncrétisme entre croyances polythéistes locales et christianisme-catholique.
RépondreSupprimerVous avez raison. Voici un autre exemple de syncrétisme breton où il est question à la fois de météorologie et de chats : " En Bretagne, à la fin du XVIIIe siècle comme aussi de nos jours, la mer entrait en furie à la mort d'un grand homme, ou lorsque des criminels quittaient ce monde : en ce cas, c'est le diable qui vient chercher son âme au milieu de la bourrasque. Certains actes accomplis à terre peuvent provoquer la tempête : une femme qui a son mari ou ses parents en mer ne doit pas se peigner la nuit tombée. Il faut aussi qu'elle se garde bien de noyer un chat ; le meurtre de ce félin, à bord ou à terre, expose à du mauvais temps". (28 Paul Sébillot, Le folklore de France, La Mer (1904-1906) Paris, Imago, 1983 , p. 28
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