C'était une ville de
province sans industries. L'air était propre. Sous les porches de la place
centrale les hirondelles avaient fait leurs nids. Le public des cafés était en
train de se diversifier. Â côté des autochtones, de plus en plus rares, on pouvait
voir des extracommunautaires. Ils étaient contents d'être là, tout près des "communautaires", dans des cafés élégants du centre ville.
Les hirondelles étaient gaies mais très salissantes. Au mois d'avril
les nids se mirent à disparaître, on ne voyait plus que leur marque
ronde sur le mur. On accusa les commerçants de faire le ménage pendant la nuit.
La rumeur circula auprès des clients habituels, un mixte de bienpensants et de
bobos. Indignés, ils quittèrent les lieux pour aller boire leurs
apéritifs ailleurs. Cette rumeur ne
circula pas, en revanche, auprès
des extracommunautaires qui se retrouvèrent tous seuls dans les confortables
fauteuils en paille tressée. Ils en déduisirent qu'on ne les aimait pas et, meurtris, quittèrent à leur tour les lieux. Des
herbes folles, désormais, poussent entre les pierres en granite gris de la
place centrale.
Era una città di provincia senza fabbriche. L'aria era pulita. Sotto i
portici della piazza centrale le rondini avevano fatto il nido. Il pubblico dei
caffè stava cambiando. A fianco degli autoctoni, sempre più rari, si vedevano
degli extracomunitari. Erano felici di essere là, vicini ai comunitari, nei
caffè eleganti del centro-città. Le rondini erano allegre ma sporcavano
parecchio. Ad aprile i nidi cominciarono a sparire, restava giusto il loro
marchio rotondo sul muro. Vennero accusati i commercianti. La diceria circolò
tra i clienti abituali, un misto di benpensanti e di radical-chic. Indignati, lasciarono
il luogo per andare a bere l'aperitivo da un'altra parte. La diceria non
circolò invece tra gli extra-comunitari che, di punto in bianco, si ritrovarono soli nelle confortevoli
poltroncine di vimini. Ne dedussero che nessuno li amava e, avviliti, abbandonarono
a loro volta la zona. Le erbacce, ormai, spuntano tra le pietre di granito
grigio della piazza centrale.
On dirait que chaque fois que vous parlez d'hirondelles c'est sur un ton mélancolique ou blasé, c'est étonnant: j'aurais plutôt eu tendance à associer les hirondelles à la gaieté, au renouveau. Est-ce voulu?
RépondreSupprimerC'est vrai, je ne l'avais pas remarqué. C'est peut-être qu'à l'âge de dix ans je crois bien avoir tué une hirondelle. J'en suis même sûr. En la voyant tomber du fil j'ai trouvé mon geste infâme, mais c'était trop tard. Je l'ai enterrée avec tous les honneurs, entourée par des petites fleurs du jardin, mais cela n'a pas apaisé ma conscience. Un jour, peut-être, je vous raconterai toute l'histoire. Cela pourrait me faire du bien.
RépondreSupprimerUn village charentais a procédé à une partie d'enfouissement des fils électriques, devant chez nous restent les fils électriques et un affreux poteau en ciment... mais nous sommes heureux de constater que les hirondelles pourront ainsi continuer à se réunir et retrouver le nid qu'elles avaient construit dans une grange ( je croyais que les nids d'hirondelles étaient protégés ?).
RépondreSupprimerPour revenir au film documentaire "Fuocoammare", on y découvre Samuele, un garçon pétillant de douze ans. Dans une nature rocailleuse à laquelle on le sent lié organiquement, il ne quitte guère sa fronde et zigouille avec précision les cactus et les oiseaux.
RépondreSupprimerSamuele m'a pourtant permis de respirer pendant le film, alors que, dans la fausse tranquillité de Lampedusa, il se plaint au médecin de suffoquer.Il est aussi gêné par un syndrome de l'œil paresseux et, dans ce milieu de marins, il souffre du mal de mer, qu'il s'applique à soigner (il est très attentif à la parole des adultes). Il finit par utiliser sa grande science du terrain pour simplement s'approcher d'un petit oiseau qui ne demande qu'à faire confiance, comme lui.
Dans ce film militant pour l'accueil des réfugiés, son île est une métaphore de l'Europe. Même s'ils semblent légers, comparativement à la tragédie des migrants, les troubles anxieux de Samuele sont à prendre au sérieux.