mardi 30 mai 2017

La place du tigre (à savoir : l'économie de la violence chez les non-violents)




Une chasse au tigre à Anvers - Gravure L'illustration XIXème

"On a dit des Kadars, une tribu de chasseurs du sud de l'Inde, qu'ils ne connaissaient pas la violence et qu'ils ne faisaient pas étalage de leur virilité, car toutes leurs antipathies étaient canalisées vers un but extérieur, le tigre". " (Bruce Chatwin, Le chant des pistes, Paris, Grasset, Le livre de poche, 1988).

Lorsque, comme chez nous, il n'y a plus de tigres à haïr, qui prend leur place?

"Si dice dei Kadar, una tribù di cacciatori dell'India meridionale, che non conoscessero la violenza e non facessero sfoggio della loro virilità perché tutte le loro antipatie erano canalizzate verso un bersaglio esteriore, la tigre" " (Bruce Chatwin, Le chant des pistes, Paris, Grasset, Le livre de poche, 1988). Quando, come da noi, non ci sono più tigri da odiare, chi prende il loro posto?

4 commentaires:

  1. René Girard, qui a, je crois, le don d'agacer les anthropologues, avait sa petite idée apocalyptique là-dessus, si j'ai bien compris.

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  2. C'était bien le sens du billet. Même les gentils ont besoin de polariser sur quelqu'un la violence mimétique. Qui sont leurs cibles?

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  3. Le doux peut retourner l'arme contre lui.
    Voici ce qu'en dit Rémi Brague, dans un entretien avec René Girard : "l’apocalypse,(...) peut prendre des formes « douces ». Par exemple, la haine de l’existence qui s’exprime à travers l’extinction démographique qui guette l’Europe."
    Jésus, quintessence de la bonté (divine), s'est offert en sacrifice pour abolir le sacrifice.
    La violence mimétique est-elle inévitable ? Ne peut-on s'extraire de cette condition primitive (le meurtre "gratuit" est observé aussi chez les animaux, au moins chez les chimpanzés) pour accéder à un niveau plus élevé de conscience qui nous en libère ?
    Dans le même entretien, René Girard nous dit : ""aimez-vous les uns les autres" (..) est une formule héroïque qui transcende toute morale. Et si la survie de la terre ne pouvait être que fondée sur la morale évangélique ? Je crois que la violence, qui était au fondement des religions archaïques, n’est plus productrice de sacré, elle ne produit plus que de la violence. C’est ici que le christianisme a quelque chose de singulier à nous dire : renoncer à la violence, c’est sortir du cycle de la vengeance et des représailles."

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  4. J'aime beaucoup l'intuition girardienne : la mort du Christ sur la croix met fin à la logique de la réciprocité violente. Il faut néanmoins ajouter que la communauté chrétienne, manifestement, n'a pas toujours su profiter de ce message (c'est un euphémisme). Et Girard, quant à lui, n'avait pas trop l'habitude de tendre l'autre joue (mais les cordonniers, on le sait ...).

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