Il est courant, dans
les sociétés animistes, de penser que les animaux entendent nos conversations.
Il faut donc éviter des propos du genre : "J'ai aperçu deux élans dans la
forêt, demain on va les chasser", parce que les élans, prévenus, se
barrent. Il faut dire plutôt : " j'en ai vu deux dans la forêt",
voire, "Ah tiens, dans la forêt, ce matin, il y avait deux types. On
pourrait aller leur faire un petit coucou". Même les chamanes, lorsqu'ils se plaignent avec Sedna, la
maîtresse des animaux marins, parce que les phoques ne se laissent plus
harponner, doit respecter des précautions rhétoriques : "Il n'est plus
permis à ceux d'en haut d'aider les phoques à sortir de l'eau par les nageoires
de devant".*
* J'ai extrait
l'exemple des phoques de : "Knud Rasmussen, Du Groenland au Pacifique,
Paris, CTHS, 1994
Nelle società animiste è corrente pensare che gli animali sentano le nostre
conversazioni. Bisogna dunque evitare frasi del genere "Ho intravisto due alci nella
foresta, domani andiamo a cacciarli", perché gli alci, avvertiti, se la danno a gambe. Bisogna dire :
" Ah, ne ho visti due nella foresta", oppure " A proposito,
nella foresta, stamattina, c'erano due tipi. Potremmo andare a fargli una
visitina". Anche gli sciamani, quando si lamentano con Sedna, la Signora
degli animali, perché le foche non si lasciano più arpionare, deve prendere
delle precauzioni retoriche : "Non è più permesso, a quelli di sopra, di aiutare
le foche ad uscire dall'acqua per le pinne davanti".
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