Je dois préciser que je n’ai rien contre le geai. J’aime son plumage brun-beige, presque rose, ses extrémités en noir et blanc qui rappellent la pie mais sans exagérer, juste une citation. J’aime notamment - ça va de soi - les touches de bleu qui donnent à ses ailes une note tropicale. Ce patchwork volant montre que l’on peut être un corvidé sans besoin d’être noir - voire, plus abstraitement, que corvitude et gaieté ne sont pas incompatibles*. Cette idée est confirmée par l’anagramme du nom « geai » : les femelles des geais sont gaies (les garçons aussi, j’espère). J’apprécie également le collectivisme du geai : si un intrus pénètre dans le bois, c’est lui qui donne l’alerte**. Pourquoi donc l'irruption d'un geai dans mon champ visuel aurait-elle dû me troubler ? C’est que, dans mon esprit, ce geai-là n’était pas à sa place. Je ne veux pas dire qu’il se cachait dans un laurier alors que son arbre totémique est le chêne. C’est qu’il s’était installé dans le laurier du merle de mon père. C’était à la fois une usurpation, une atteinte à la mémoire familiale et une mise en désordre. (À suivre).
* En même temps - ce qui peut paraître contradictoire - j’aime beaucoup les corbeaux en raison de leur noirceur absolue, qui dépasse le simple perçu pour s’élever au rang d’un concept.
** Je l’apprécie conceptuellement, un peu moins sur le plan empirique, lorsque je cherche l’anonymat à l’ombre du taillis.
Peut-être que le merle était l’interlocuteur de votre père, alors que le geai s’adresse à vous, comme l’indéfinissable Maurice(tte).
RépondreSupprimer(« Joyeuse lanceuse d’alerte » est un bel oxymoron. Alors que le goéland, même inclusivement, est exclusivement mélancolique.)
Peut-être aussi sont-ils antispécistes et ne s’offusquent-ils pas d’être comparés à des rats. Ça pourrait faciliter les échanges.
C'est très pertinent, hélas. Il faut que j'arrête avec cette comparaison injuste qui en dit long sur mes préjugés.
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