Je dois avouer que Maurice commence à me fatiguer. L’autre jour il a boudé le pain sec que je lui avais proposé. « Il préfère les pâtes à l’amatriciana, on m’a dit ». J’ai découvert ainsi que, gâté par les autres membres de la famille, il ne mange désormais que des restes « de qualité ». Et il devient de plus en plus impatient. Pendant que je fais la cuisine il me surveille, comme si je travaillais pour lui. Si je tarde à le satisfaire, il tape sur la vitre avec l’insistance d’un ivrogne et, d’une voix irritée qui passe du ténor au soprano, il multiplie les appels. On dirait un coacher de la piscine communale (« hop-hop-hop-plus-vite-plus-vite-plus-vite … » ) ou un bonimenteur (« par-ici-messieurs-dames-venez-assister-au-spectacle-fabuleux-du-goéland-qui-déguste-un-tiramisu »). Excédé, je quitte les fourneaux et je lui dis : « Espèce de goujat, aurais-tu la politesse de patienter un instant ? ». Ma remarque a le pouvoir de le fâcher. Il émet alors des borborygmes de vieil imprécateur en arpentant le balcon à pas nerveux comme un philosophe péripatéticien.
Vous aurait-il pris pour un pigeon ?
RépondreSupprimerJ'aime bien cette photo, il a vraiment l'air redoutable : on voit la filiation entre oiseaux et dinosaures.
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