dimanche 12 juin 2022

De l'humain animalisé au vivant humanisé (Annonce)

 

Séminaire - De l’humain animalisé au vivant humanisé (troisième année : risques et avantages de la proximité ontologique)

Lundi 13 juin Centre de colloques, salle 3.03  de 11h30 à 15h30.

 


Silvia Marzorati

Marcher avec le troupeau. Repenser un récit du paysage avec Tim Ingold et le cinéma écologique

Les circulations humaines et non-humaines modifient le paysage sur le temps long. En suivant un troupeau de moutons, conçus comme acteurs et témoins des transformations socio-environnementales, nous cherchons à déplacer le regard sur le paysage en empruntant à l'anthropologie des lignes de Tim Ingold et à la cinématographie "écologique" de Michelangelo Frammartino et Pietro Marcello, notamment dans les films Le Quattro volte et Bella e perduta. Grâce à une attention renouvelée à la relation entre les organismes et l’environnement qu’ils proposent dans leurs œuvres, nous allons suivre les mobilités des vivants dans le paysage pré-urbain du nord-est parisien, où les non-humains viennent se placer au premier plan. Ce regard hybride - entre humain et troupeau - permet d'écouter et réécrire le récit de ce maillage composé par des entités diverses, dans lequel les animaux acquièrent une place de protagonistes et, parfois, aussi la parole.

Joseph Regnault de la Mothe

Le loup-garou et ses conceptions médiévales : une figure brouillant les frontières ontologiques ?

Le loup-garou en France, le werewolf en anglais, les Jé-rouges en Haïti, l’oborot en Russie ou encore le varcolac en Roumanie : le mythe de l'homme pouvant se transformer en loup est un mythe commun à beaucoup de civilisations à travers les régions et le temps. Au Moyen Âge, le mythe est répandu en Occident, transmis autant par les écrits antiques que le paganisme germano-celtique. Le loup-garou, figure hybride participant des deux règnes humain et animal, et sa métamorphose remettent en cause la frontière ontologique entre animal et humain, un principe fondateur de la chrétienté médiévale. L'Eglise et ses clercs, dans leur entreprise de traitement des croyances païennes, vont prendre en charge la figure du loup-garou et les rendre conforme avec les principes chrétiens. Il s'agira ici d'exposer ce que révèle le traitement médiéval du loup-garou au sujet des particularités de l'ontologie médiévale."

Swad Bruneel

Communiquer avec les autres qu’humains

Mon projet de recherche part d'une curiosité vis-à-vis des autres qu'humains : peut-on communiquer avec eux ? La communication pose d'innombrables problèmes conceptuels et méthodologiques, c'est pourquoi je lui substitue le mot connexion, autorisant un plus large spectre d'action. La connexion se définit par "l'action de lier", tandis que le lien s'apparente à "ce qui sert à maintenir ensemble », à créer une relation : comment agir du lien ? Quelles séries d'actions maintiennent ensemble des individus altères qui n'ont peut-être rien en commun ? En parallèle de mes études anthropologique, je dessine, je peins, je joue avec les couleurs et les médiums, je crée des choses que je trouve belles et/ou significatives. Pourquoi ne pas utiliser les pratiques artistiques pour contourner le problème du langage qui sépare apparemment les occidentaux de tout le reste du vivant ? C'est comme cela qu'ont commencé mes recherches, quels sont les artistes qui tentent de communiquer avec le vivant ? Et y a-t-il, à l'inverse, des artistes non humains qui tentent de communiquer avec nous ? Ces problématiques m'amènent à développer une question à venir : sommes-nous vraiment les seuls à être capables d'activité artistique ? Je refuse la convention évolutionniste plaçant l'homme au sommet des capacités techniques, spirituelles et inventives. Je pars donc du postulat que chaque vivant possède sa complexité propre et qu'il serait très arrogant d'envisager qu'on les ait comprises et évaluées selon une grille de lecture arbitraire anthropo-ethno-centrée. Enfin je récuse le principe que "les animaux font de l'art", cette phrase en elle-même n'a aucun sens, il s'agit simplement de collecter des données qui n'ont jusqu'ici pas été traitées en anthropologie ou en éthologie, botanique et biologie. Le terrain qui s'est donc imposé à mon sujet est premièrement numérique, je recherche des cas particuliers où se mêlent humains, non-humains et arts plastiques. Je ne savais pas où chercher alors j'ai commencé par google. Le monde numérique forme une réalité décontextualisé qui abonde en témoignages et tranches de vie. Par la suite, j'aimerais réaliser une ethnographie dans le laboratoire de recherche théâtrale sur la présence animale, intitulé ShanjuLab, situé dans le Jura Suisse.

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