samedi 6 août 2022

L’inquiétante étrangeté deuxième série (1)


Pierre-Auguste Renoir. Roses


Cela fait déjà un mois que je suis rentré en Italie pour mes vacances et je n’ai pas encore commencé à parler de mon jardin. Pour accomplir mon travail mémoriel, cependant,  il restait encore quelques plantes à mentionner. Je les entends se plaindre depuis un moment : « Et moi alors ? ».  Quelque chose s’est passé, pendant l’année,  qui rend ce jardin plus précaire et mon envie de le décrire un peu moins justifiée. Le laurier est toujours là. Le merle aussi, mais il a élu résidence plus loin, près de de la vigne. Lorsque j’approche il fait plein de bruit, comme pour dire « Touche pas à mon raisin ». À ce moment même, pendant que j’écris, il s’est mis à chanter. Il me surveille, je crois.

Il faut que je parle des roses. Si elles sont là, c’est grâce à ma mère qui s’en occupait dans la plus totale discrétion (elle parlait sans problème des hortensias mais pas trop des roses, allez savoir pourquoi). En arrivant, je me suis approché de la plante qu’elle préférait : des petites roses de rien du tout. J’ai coupé les fleurs fanées et, en retirant la main je me suis planté  une épine dans un doigt. « Il faut être con ! », me suis-je exclamé. Je ne m’adressais pas à moi même, je m’adressais à la rose : « Il faut être con et méchant. Moi je viens te saluer, je m’occupe de toi, et toi tu me plantes une épine dans la main ? ».  Juste après j’ai compris qu’elle ne voulait pas me blesser. Elle voulait me retenir. Attirer mon attention. Elle voulait me dire : « Prends garde, sois prudent ».

2 commentaires:

  1. Même le petit prince et sa rose finissent par se faire des vacheries de vieux couple.

    Armelle Sêpa.

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  2. Quelle capricieuse la rose du petit prince !

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