Floristik24.it - fiore artificiale di geranio
Les géraniums, du point de vue de mon plan, posent quelques
problèmes. Mon projet démiurgique ne consiste pas seulement à conserver la
mémoire de mon microcosme domestique. L’objectif est de prolonger autant que
possible l’élan originel, celui de mes prédécesseurs. La vie des plantes et
des objets qui étaient déjà là, ou qui ont été intégrés par la suite comme des trouvailles plus
ou moins réussies, fait partie de cet élan. Je sais bien que, comme le rappelle
Freud, l’objectif de tout organisme est de retrouver l’inertie du départ, à
savoir la mort. Mais chaque organisme veut mourir de sa propre mort, celle qui
est inhérente à sa nature. On peut l’aider à couronner son projet en le préservant d’une mort « artificielle », d'une mort « par
autrui ». S’il
cherche à se reproduire, par ailleurs, c’est qu’il veut pérenniser sa présence. Le laurier qui,
en vieillissant, multiplie ses rejetons comme un chat traditionnel, le noyer qui
avant de crever prend la précaution de nous laisser des descendants, participent à la lutte contre l’entropie et à l’illusion
de la continuité.
Entretenir les géraniums est facile. Les reproduire aussi. Mais, à la différence des roses, on ne peut pas les laisser dehors pendant l’hiver. Et pendant l’hiver moi je ne suis pas là.
« Ce n’est pas grave, m’a-t-on dit. Tes géraniums sont assez médiocres. Tu n’as qu’à les changer tous les ans, ça ne coûte pas très cher ».
Je regarde mes géraniums. Oserai-je leur annoncer :« Vous êtes médiocres, vous ne coûtez pas très cher, je vous laisserai givrer lorsque viendra Noël, bye bye ? ». Bien sûr que non. Je partirai donc comme un lâche en les abandonnant à leur destin. J’apaiserai ma conscience en me disant que je les connais à peine et que leur degré d’historicité est presque nul.
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