jeudi 18 août 2022

L’inquiétante étrangeté deuxième session (7). Désherbages sauvages


 Image empruntée au site : https://www.piantefaro.com/azienda/

On a beau avoir une histoire. Encore faut-il que ça se sache.  En faisant le tour du jardin je découvre quelques plantinettes que j’ai l’habitude d’ignorer. Elles sont tout aussi « ataviques » que leurs consœurs mais, pendant que je m’occupe des autres, je ne leur prête aucune attention. Il s’agit des  plantes standard que tout le monde devait avoir dans son jardin dans les années 1970-1980. Je fais juste leur liste pour m’en débarrasser au plus vite. Je  puise dans un catalogue pour retrouver leur nom : le millepertuis (une belle tâche de jaune dans la verdure monotone),  le cotonéaster (une belle tache de rouge dans la verdure monotone) ;  le pin nain argenté  (une belle tache argentée dans la verdure monotone, et il ne demande pas trop d’entretien). Je les côtoie et je les ignore, comme ces livres que personne ne consulte pendant des années et que les bibliothécaires, faute de place,  doivent éliminer. Ils appellent ça le « désherbage ». Pas de lecteurs ? Pas d’histoire? No future.

Il y a quelques temps, j’avais commencé à désherber. Le cotonéaster a reçu un sacré coup. Le millepertuis s’apprêtait à subir le même sort lorsqu’une voix solennelle, comme celle qui a arrêté le bras d'Abraham dans une circonstance bien plus sérieuse*  m’a intimé : « Mais tu es bête ?  C’est comme jeter un meuble bar en teck des années 1970. C’est vintage. Tu as un jardin “ tendance ” et tu le démantèles ? Espèce de plouc. ».

* C'était la voix de mon Surmoi, probablement.

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