vendredi 12 mai 2023

Devenir végétarien à l’insu de son plein gré

 

Paolo Dalla Bernardina : Cadavre de veau

 

Je brandis ma carnivorité  comme un étendard, mais en étalant ma fierté je dévoile mes incertitudes. J’en veux aux antispécistes qui m’obligent à réfléchir sur ma proximité ontologique avec le  jarret de porc qui rôtit dans le four. Et je porte sur les végétariens un regard soupçonneux, comme si derrière leur choix il y  avait des raisons qu’ils ignorent et que moi - allez savoir pourquoi - je serais censé connaître.

Vers la fin de sa brève trajectoire terrestre mon frère Paolo,  en raison de la sympathie qu’il éprouvait pour les humains, les bêtes et la création en général, était en train de glisser vers le végétarisme. Il ne faisait pas trop de vagues. Il n’en parlait jamais et je me demandais s’il en était conscient. Je viens de tomber sur ce dessin qu’il a réalisé à Paris en 1977 après un passage au  supermarché. Il semble lever tous les doutes. Il s’inscrit dans une tradition d’ « éclaireurs » qui remonte au moins à Pythagore (« Ouvrez les yeux sur l'identité des  malheureux que vous mangez :  ils sont nos semblables! ») et anticipe le cliché du « cadavre en barquette »  mis en scène avec succès par les animalistes contemporains.

 

 

2 commentaires:

  1. C’est un artiste subtil. On peut commencer par deviner des fleurs en aquarelle.
    Puis l’étiquette nous plonge dans la stupeur. C’est violent et drôle.
    Votre frère et vous aviez l’ironie en partage.

    Armelle Sêpa.

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  2. C'est très gentil. Mon frère et moi nous vous remercions.

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