Demain matin, lundi 11 décembre, nous aurons le plaisir d'entendre Frédéric Saumade qui nous parlera de son dernier ouvrage :
Séminaire Penser les ruralités contemporaines
ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES (Paris)
Lundi 11 décembre 2023, 11:00-13:00
Salle AS1_24 - 54 bd Raspail 75006 Paris et en visio :
EN PRÉSENTIEL ET EN VISIO
https://webinaire.ehess.fr/b/bob-kvx-zfn
De l’élégie au retour au combat : réflexions post-théoriques sur la polémique anti-taurine en Espagne aujourd’hui et sur les paradoxes de l’élevage extensif du toro bravo dans le Campo charro de Salamanque
Intervenant : Frédéric Saumade, PR d’anthropologie sociale, Aix-Marseille Université, membre de l’Institut d’ethnologie méditerranéenne, européenne et comparative (IDEMEC) d’Aix-en-Provence
Résumé : Suite à un dernier ouvrage publié au printemps dernier (De Walt Disney à la tauromachie. Élégie pour une mythologie animalière, Vauvert, Au diable vauvert 2023), qui propose une analyse anthropologique des tensions contemporaines entre militants antispécistes, favorables à l’interdiction de la corrida, et aficionados et professionnels du monde taurin, fondée sur une approche rétrospective de quarante années de recherches sur les relations humains/bovins dans les jeux-spectacles, rituels et pratiques d’élevage afférentes, entre Europe du Sud-Ouest et Amérique du Nord (Mexique, États-Unis), nous avons ressenti la nécessité de revenir au terrain originel de l’Espagne. Là, aujourd’hui, on observe en milieu urbain, notamment à Madrid, capitale de l’Espagne et de la corrida, une forte radicalisation, perceptible en particulier parmi les jeunes, de l’opposition entre adversaires de la tauromachie, animés par une idéologie animalitaire, généralement classés à gauche de la gauche, et aficionados, marqués par une idéologie nationaliste et volontiers séduits par le discours du parti d’extrême-droite Vox. Outre Madrid, Salamanque, capitale régionale structurée sociologiquement par les réseaux endogamiques des éleveurs de taureaux de race brava, de race morucha (race régionale à viande), et de cochons de race ibérica, dont les propriétés latifundiaires s’étendent sur le Campo charro voisin, est un terrain particulièrement riche pour observer les tensions entre les positions traditionnalistes conservatrices et les mouvements abolitionnistes qui s’organisent à partir des milieux estudiantins notamment. L’analyse anthropologique de cette crise politique passe par une ethnographie du système d’élevage du Campo charro, et des relations inter-espèces qui s’y organisent autour de la maîtrise d’un territoire extensif de pâturage, le monte (parties boisées montagneuse), les savanes collinaires plantées de chênes verts (encinas, robles). L’enquête révèle à cet égard les contradictions d’un milieu social moins homogène idéologiquement que l’on pourrait croire a priori, loin d’être imperméable au « tournant ontologique » de la société globale, ainsi que l’ambiguïté des rapports entre humains et animaux considérés tour à tour comme les plus sauvages (bravos) ou les plus domestiques (mansos). Or, cette même dialectique se retrouve, exprimée d’une manière radicalement opposée, dans les représentations antispécistes des anti-taurins.
Présentation : Christophe Baticle (LPED / HM)
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