À plusieurs reprises, sur ce blog, j’ai exprimé ma très faible considération pour ces représentants du gouvernement italien (je vous invite à retrouver leurs noms) qui ont fait des valeurs de la patrie, du rappel à la foi et à la tradition leurs chevaux de bataille et leurs attrape-nigauds. Serais-je donc un anti-italien ?
En 2006, dans l’introduction à L’éloquence des bêtes, j’écrivais le passage suivant :
« Bien qu’infondé, le préjugé selon lequel l’amateur d’animaux n'aimerait pas les hommes recèle un soupçon qui l'est peut-être un peu moins : celui (…) que l'intérêt pour la cause animale ne soit parfois qu'un prétexte[1], un alibi permettant de se mettre en scène, de délégitimer les autres, mais aussi de détourner l'attention de quelque chose que nous préférons cacher. Un événement exemplaire nous permettra d'illustrer cette idée. Au mois de février 2001, les visiteurs du site Web de la chaîne de télévision Msnbc News étaient censés choisir la plus significative parmi les images « fortes » récemment diffusées par les médias. Pendant les trois premières semaines, le cliché gagnant, avec beaucoup de marge sur ses rivaux, a été celui, tristement célèbre, d'un jeune palestinien accroché à son père juste avant d'être abattu par l'armée israélienne. Quelques semaines plus tard, après une campagne e-mail à l’initiative des sympathisants du gouvernement Sharon, deux nouvelles images avaient remplacé la précédente : la première était le portrait d'un chien qui a perdu ses pattes postérieures. C’est celle-là qui a gagné le concours. La deuxième, suivie par d'autres reproductions d'animaux, immortalisait un autre chien en train de brûler[2]. Le sacrifice animal, dans ce cas, ne remplace pas le sacrifice humain, il sert tout juste à l'occulter. Nous sommes aux antipodes des fables d’Ésope ou des sermons de Saint François : l’animal, ici, loin de nous aider à réfléchir sur les conduites des hommes, est mis au premier plan pour nous les faire oublier ». (Paris, éd. Métailié, p. 19-20).
Serais-je donc un antisémite ?
[1] Inutile de préciser que pour établir ce genre de constats il faudrait connaître l' « éthologie » de l'amateur d'animaux. Voici un beau sujet pour apprentis ethnologues désireux de développer leurs compétences en matière d’ « Observation participante ».
[2] D’après un article de Dean E. Murphy paru dans le New York Times et repris par le quotidien La Repubblica du 4 mars 2001, p. 16
Rony Brauman, juif né à Jérusalem, considère que la censure de la critique d’Israel alimente l’antisémitisme.
RépondreSupprimerSerait-il antisémite ?
Merci, c'est exactement ce que je voulais dire.
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