mercredi 20 décembre 2023

Vers un art vraiment bio


 

Dans mon billet du 18 décembre je revenais sur un sujet que j’aborde  périodiquement : aujourd'hui, à l’époque de l’ « écologiquement correct », l’autonomie du fait artistique est de plus en plus menacée. La recevabilité  des œuvres dépend de leur engagement en matière d'environnement, de  biodiversité et de développement durable*.

À ce rythme l’artiste, avant d’être accepté, devra remplir un questionnaire : dans quelle mesure ses créations contribuent-elles à la préservation de la planète ?  Quelle place a-t-il donné aux matériaux recyclés ? Quel type de pigments a-t-il  utilisé et quel est leur degré de toxicité ?  Quelle est l'empreinte carbone de ses installations? Voyage-t-il en avion? Et les autres membres de sa famille? Aime-t-il les chiens et les chats? Dans quel courant s’inscrit-il ? Qui sont ses auteurs de référence ? Qui sont les membres de son réseau?

Les peintres ayant passé l’examen pourront afficher l’étiquette « Bio » en bas du tableau, à  côté de leur signature. Ce qui, plus tard, deviendra obligatoire**.

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* Cela vaut aussi pour la recherche en sciences humaines et sociales. Deux ou trois autres grands thèmes, tout aussi cruciaux, peuvent remplacer les préoccupations environnementales et donner à l'artiste (ou au chercheur)  la même respectabilité. Une respectabilité "a priori" indépendante de la qualité de son œuvre (ou de ses recherches).

** Serais-je donc un anti-écologiste ? Loin de là. Je suis très reconnaissant aux éclaireurs qui contribuent par leur militantisme à l'évolution de notre société vers des manières moins prédatrices, moins "extractivistes", de se rapporter à la nature. Sous de nombreux aspects, je me considère même un vétéran. J'aime depuis toujours la nature dite sauvage. J'aime aussi jardiner. C'est ainsi que, parallèlement  à mon respect pour le sentiment religieux, je cultive ma méfiance vis-à-vis de ces intermédiaires qui prétendent gérer, on ne sait pas bien à quel titre,  nos rapports avec le monde des valeurs.

6 commentaires:

  1. Bientôt un label bio aussi pour les jeux vidéo ? https://www.lemonde.fr/pixels/article/2023/12/20/dans-le-jeu-video-un-calculateur-d-empreinte-carbone-bientot-obligatoire-pour-obtenir-des-aides-du-cnc_6206890_4408996.html

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  2. Et quel compost utilisez-vous pour cultiver votre méfiance ? Les langues de bois entières ou coupées en petits morceaux par exemple ? Merci pour vos conseils ! Nicole Juin

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  3. La magie du père Noël selon la Poste :
    « Je vais devoir parcourir des millions de kilomètres pour distribuer les cadeaux, mais je te rassure, mon traîneau voyagera grâce à la seule force de mes rennes : une énergie propre et magique ! »

    Armelle Sêpa.

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  4. Ce sont les fameuses "rennes du pouvoir" (je ne l'ai pas inventé c'était dans une copie d'examen).

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