lundi 18 décembre 2023

Un crâne c'est bien. Huit-cents crânes c'est encore mieux



Le pouvoir de fascination des crânes d’animaux traverse les époques.  Il suffit de les montrer pour produire du sens. Autrefois, on pouvait exhiber ces restes inanimés, qui captent notre regard  en dépit (ou à cause) de leur répugnance, sans se poser trop de questions. Aujourd’hui c’est plus délicat, il faut se justifier. On le fait au nom de la science, de l’art ou de l’écologie :  


« Cette structure monumentale comporte en effet… plus de 800 crânes d’animaux. Un choix délibéré pour les artistes plasticiennes (Cathy Connan et Marion Decoust) à l’origine de ce projet, né en 2020.

Préoccupées par la situation écologique actuelle, les deux artistes (par ailleurs mère et fille) ont eu l’idée de créer un mémorial dédié aux espèces éteintes. Elles ont ensuite été rejointes dans ce projet par une graphiste (Marie Olé), une créatrice sonore (Nathalie Caul-Futy), un créateur lumière (Joseph Frey) et Thomas Séchet (sonorisateur) ».  https://actu.fr/occitanie/toulouse_31555/toulouse-cette-sculpture-monumentale-ornee-de-800-cranes-ne-laisse-pas-indifferent_60433104.html


Le problème dans ce genre d’opérations est qu’on a du mal, parfois,  à faire la part entre la valeur artistique de l’œuvre (qui est indépendante du nombre de crânes utilisés) et la noblesse de la cause censée la motiver.

4 commentaires:

  1. Nouvelle religion, mais avec ce bon vieux péché originel toujours aussi actif.
    Les petits et les grands enfants, qui s’égareraient à Noël dans l’enthousiasme du retour de la lumière, sont encore rappelés à l'ordre, très sèchement cette fois, si j’ose dire, par ce tas d’os (dont je trouve néanmoins la réalisation réussie du point de vue plastique).

    Armelle Sêpa.

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  2. Merci. On remplace donc l’enchantement joyeux des fêtes de noël par des memento mori qui monopolisent, pour la bonne cause, notre espace psychique. La cible de mes observations plutôt antipathiques est justement le côté « religieux » d’un certain fidéisme écologiste qui contamine parfois le domaine artistique. J’entends « religieux » dans le mauvais sens du terme (adoption par mimétisme d’une rhétorique sotériologique qui autorise des incursions dans la vie d’autrui, suspension de l’esprit critique sous l’influence d’un leader charismatique … j’y reviendrai ). J’en profite pour préciser que mon intention n’était pas de juger la valeur artistique de l’œuvre en question qui mériterait, éventuellement, une visite sur place. J’usurperais cette tâche, en tout cas, que je réserve aux spécialistes.

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  3. Mais c’est un sapin de Noël ! Les lumières sont celles de notre réflexion !

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