vendredi 3 mai 2024

Tellement veau que je te mangerais (à propos du veau-sous-la-mère)



 

 Illustrant un bel exemple de « Comédie de l’innocence », ce  cliché a été réalisé et m’a été gentiment transmis par Antoine Beaudet

 On aurait envie de donner une leçon de morale aux concepteurs de cette publicité :« C’est émouvant, mais comment peut-on  faire de l'humour dans une circonstance pareille? Comment peut-on oublier l’issue tragique de cette scène bucolique ? ».

C’est pourtant facile : nous nous émouvons ... nous dégustons. Il suffit de séparer les deux choses. Et, de toute façon, nous sommes habités par plusieurs instances à la fois. Dans chacun d'entre nous cohabitent plusieurs interlocuteurs.

De temps en temps j’aime rappeler ce proverbe nuer, relatif aux sentiments de culpabilité du mangeur de viande, reporté par E.Evans-Pritchard dans sa célèbre monographie * :

« Les yeux et le cœur sont tristes, mais les dents et l’estomac sont dans la joie ».

 

 

Image extraite du site : https://www.civo-vslm.fr/quest-ce-que-le-vslm .htm

* Edward Evan Evans-Pritchard, Les Nuer. Description des modes de vie et des institutions politiques d'un peuple nilote, 1937, trad. fr. 1968, rééd. Gallimard, coll. « Tel », 1994. Je développe cette problématique dans L’éloquence des bêtes. Quand l’homme parle des animaux. Paris, Métailié, 2020.

 

 

 


 


 

2 commentaires:

  1. Image difficile à soutenir…la maternité….Le publicitaire n’a t’il pas pris trop de risques .? Avec un effet inversé et une vente de viande de veau réduite?

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    1. Je partage votre point de vue. J’aurais tendance à penser que cette image correspond à la sensibilité du commanditaire (qui a bien voulu la choisir), pas forcément à celle du destinataire.

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