Adolf Ziegler 1892–1959, Cristmas
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Est-ce que chez les nouveaux nés
autrichiens le prénom Adolf va revenir à la mode ? Il l’est peut-être déjà,
allez savoir. Ailleurs, pour l’instant, il reste peu apprécié. C’est comme pour
le prénom Benito en Italie (pays surprenant où les choses changent très vite et une phalange de bébés néo-mussoliniens est peut déjà en train d'envahir les chrèches).
Autrefois, à l’époque où les valeurs de la patrie étaient respectées, le prénom
Adolf (« du vieux haut allemand Adalwolf, de adal (« noble ») et wolf (« loup
») »), n’avait rien de honteux, bien au contraire.
Lorsqu’on est noble
comme un loup on a le droit de prendre des initiatives. C’est ainsi qu’Adolf
Hitler, en 1936, a chargé Adolf Ziegler d’organiser la célèbre exposition Entartete Kunst (l'art dégénéré), dans laquelle étaient mises au pilori
les principales œuvres des avant-gardes artistiques de l’époque (Max Beckmann,
Otto Dix, Paul Gauguin, Wassily Kandinsky, Oscar Kokoschka, Emil Nolde, Henri
Matisse, Pablo Picasso...).
L’idée d’une
nuée de petits Adolphe et de petits Benito venant mettre des limites à la
création artistique et culturelle au nom de la normalité, du bon sens
commun, de la sensibilité du peuple et de la morale nationale me
répugne et me terrorise. La société évolue, les catégories aussi parait-il. De mon côté, je
reste profondément antifasciste.*
* On me retorquera que même les
communistes, là où ils ont pu le faire, ont exercé la censure au nom de l’intérêt
collectif et traité comme des ordures des libres penseurs qui ne le méritaient
pas. C’était, effectivement, leur coté fasciste. Comme
le dirait Virenque (je reviens souvent sur cette formule géniale) : ils
étaient des fascistes « à l’insu de leur plein gré ». J’ajouterai que
je connais plein d’électeurs qui, encore aujourd’hui, aimeraient mieux avoir chez
eux un tableau d'Adolf Ziegler qu’un tableau de Kandinsky ou de Picasso.