jeudi 3 octobre 2024

L’importance de s’appeler Adolf

 

Adolf Ziegler 1892–1959, Cristmas Picture

 

Est-ce que chez les nouveaux nés autrichiens le prénom Adolf va revenir à la mode ? Il l’est peut-être déjà, allez savoir. Ailleurs, pour l’instant, il reste peu apprécié. C’est comme pour le prénom Benito en Italie (pays surprenant où les choses changent très vite et une phalange de  bébés néo-mussoliniens est peut déjà en train d'envahir les chrèches). Autrefois, à l’époque où les valeurs de la patrie étaient respectées, le prénom Adolf (« du vieux haut allemand Adalwolf, de adal (« noble ») et wolf (« loup ») »), n’avait rien de honteux, bien au contraire.

Lorsqu’on est noble comme un loup on a le droit de prendre des initiatives. C’est ainsi qu’Adolf Hitler, en 1936, a chargé Adolf Ziegler d’organiser la célèbre exposition Entartete Kunst (l'art dégénéré), dans laquelle étaient mises au pilori les principales œuvres des avant-gardes artistiques de l’époque (Max Beckmann, Otto Dix, Paul Gauguin, Wassily Kandinsky, Oscar Kokoschka, Emil Nolde, Henri Matisse, Pablo Picasso...).

L’idée d’une nuée de petits Adolphe et de petits Benito venant mettre des limites à la création artistique et culturelle au nom de la normalité, du bon sens commun, de la sensibilité du peuple et de la morale nationale me répugne et me terrorise. La société évolue, les catégories aussi parait-il. De mon côté, je reste profondément antifasciste.*

 

* On me retorquera que même les communistes, là où ils ont pu le faire, ont exercé la censure au nom de l’intérêt collectif et traité comme des ordures des libres penseurs qui ne le méritaient pas.   C’était, effectivement, leur coté fasciste. Comme le dirait Virenque (je reviens souvent sur cette formule géniale) : ils étaient des fascistes « à l’insu de leur plein gré ». J’ajouterai que je connais plein d’électeurs qui, encore aujourd’hui, aimeraient mieux avoir chez eux un tableau d'Adolf Ziegler qu’un tableau de Kandinsky ou de Picasso.

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