Aujourd'hui je me
promenais en ville. Mon regard a été attiré par un commerce avec une devanture
toute neuve, d'un beau rouge "Ferrari" presque plastifié. De loin je
n'arrivais pas à saisir le genre de marchandise proposé. En haut de la vitrine,
en majuscules romaines, il y avait écrit SUBLIMATORIUM.
Tiens, je ne connaissais pas ce mot. Qu'est-ce donc un Sublimatorium ?
Un club d'esthètes néoromantiques ? Un cercle freudien ? En approchant j'ai été
déçu : on y offrait des services
funéraires. Pourquoi ce néologisme latin ? Je ne saurais répondre, mais peu
importe : après tout, me suis-je dit, même les mots "funérarium" et
"columbarium" sont latins. La mort, peut-être, préfère le latin.
(En fait, les mots "solarium"
et "vivarium" invalident mon hypothèse).
Je ne suis pas sûr que ces mots invalident votre hypothèse : la mort n'est peut-être pas la seule à préférer le latin. Je crois que la mort aime surtout les euphémismes. Anecdote personnelle, des proches à moi ont toujours parlé de gens qui "mourraient" ou "étaient morts", jusqu'au jours ou mes grands parents sont passés de l'autre côté: eux n'étaient pas "morts" mais "décédés". C'est peut-être une manière de témoigner plus de respect, ou de ne pas dire ce qui est réellement: "ils sont morts" cela nous faisait peut-être trop peur.
RépondreSupprimerCeci est vrai à tous les niveaux. Il y a quelque temps mon dentiste m'a annoncé qu'il fallait dévitaliser une de mes dents. "Voulez-vous dire qu'il faut la tuer?", lui ai-je demandé . "Bon, enfin ... Nous on dit dévitaliser". C'est comme l'écrit Norbert Elias : plus on se civilise, plus on "euphémise".
SupprimerEn fait la sublimation est le nom donné à un nouveau procédé de crémation plus rapide et, parait-il, plus écologique. Donc on ne dit plus crématorium mais sublimatorium (personnellement le mot m'évoque plutôt un institut de beauté luxueux avec une décoration de villa romaine).
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