samedi 5 septembre 2015

Fromage de chien


Ill. : Cochon anthropomorphe de la fin du XIXème siècle (la Belle Époque). Coll. de Sergio Dalla Bernardina 

Non ce n'est pas vrai, le fromage de chien est tout juste un fantasme. Ce qui est vrai, en revanche, c'est qu'on a mis dans le commerce  du fromage de porc. Il coûte terriblement cher (3.000 euros le kilo) parce que pour traire le lait nécessaire il faut compter une quarantaine d'heures et mieux vaut le faire en cachette, pendant que la truie dort, sinon elle se fâche.  En principe il n'y a rien d'épatant, on mange bien les côtes du porc, voire même sa tête et tout le reste. Il n'empêche que cette nouvelle m'a légèrement désorienté (moi qui goûte presque tout). Pourquoi cette perplexité? Parce que le porc est omnivore?  Parce qu'il rappelle, dans sa morphologie, l'être humain (donc, cannibalisme ...)? Parce que le fromage de porc brouille les catégories, comme le dirait Mary Douglas? En tout cas, écrit Nicoletta Melone dans le Corriere della Sera du 2 septembre 2015, pour les porcs, élevés à d'autres fins que la charcuterie,  c'est une très bonne nouvelle.

Sur les raisons qui me poussent (nous poussent) à hésiter face à un fromage de porc (mis à part la question du prix), j'aimerais recevoir quelques suggestions.


2 commentaires:

  1. Les raisons qui pourraient nous repousser à goûter le fromage de porc sont certainement dues aux représentations collectives que nous avons à son égard : Pour la plupart des personnes, le porc est associé à la souille et donc à de la boue dans laquelle il a l'habitude de se rouler (malgré les apparences ceci est un processus qui contribue à l'hygiène de l'animal, car les parasites restent collés dans la boue qui sèche ; le porc s'en débarrasse par la suite en se frottant contre un arbre ou d'autres objets). C'est pour cette raison que le porc est souvent jugé comme étant un animal sale et impure (à tort). Ce trait caractéristique est certainement transposé au fromage et au lait que le porc donne, jugé impure et repoussant. L'image du porc donnée dans les médias, livres et films est très souvent liée à ce trait caractéristique explicité auparavant. En effet, le porc est représenté dans des endroits boueux où il est recouvert de gadoue. Puis, sa manière bruyante de manger lui attribue un caractère fortement sauvage quasi anxiogène, car il grogne et il couine. Il fait des vermillis (il creuse dans la terre), à la recherche de vers de terre et d’insectes ; il est omnivore. Une vache au contraire s'alimente si paisiblement, calmement, si proprement presque...humainement, sans faire de bruits. On se la représente sur sa prairie où elle broute tranquillement. Elle est le fruit, le résultat d'une domestication parfaite. Ainsi, la consommation de son lait et de son fromage est acceptable et normale, car on l'a symboliquement tiré de notre côté domestique. Je suis certain que cette opposition sauvage-domestique pourrait constituer une explication possible. Moi personnellement, je ne suis pas affecté par cette représentation ; je serais donc ravi de goûter ce fromage qui m'est absolument inconnu. Qu'en pensez-vous de cette suggestion ?

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  2. Je trouve votre lecture tout à fait pertinente (vous me direz, éventuellement, si vous avez aimé le fromage porcin). Je pense comme vous que c'est une question de "bonne distance". Mon hésitation face à ce nouveau type de fromage est liée moins à la distance qui nous sépare du porc en tant que bête sale et puante (c'est un cliché diffamatoire, je le sais), qu'à la proximité de cet animal avec le genre humain. Lorsqu'on a tenté les premières xénogreffes on a tout de suite pensé au cochon. Mais alors, devrais-je me demander, pourquoi la viande oui et le fromage non?

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