samedi 14 novembre 2015

Le Bon Dieu comme prétexte.


Charles Lebrun : Loups-garous

"BESTIAL, ALE  (rad. bestia) Qui tient de la bête, qui appartient à la bête. Fureur bestiale. Il a quelque chose de bestial dans sa physionomie" ( Bescherelle, Dictionnaire National de la langue française 1865).

Plus l'homme laisse émerger sa fureur, pensait-on en 1865, plus il se rapproche de la bête. C'était croire que les bêtes ont des instincts "bestiaux" tandis que les humains ont des motivations.


Après sont arrivées les sciences de l'homme et de la société. Elles ont  découvert l'existence d'une zone d'ombre appelée l'inconscient (individuel et social) et remis en cause la pertinence des  motivations évoquées par les acteurs : parfois, par exemple,  ils se font exploser au nom de Dieu, alors que les raisons profondes de leur geste se trouvent ailleurs.

4 commentaires:

  1. On peut trouver votre intuition troublante, qui vous a conduit à évoquer le fascisme à quelques jours des attentats parisiens. Mais il est vrai qu'ils sont quasi quotidiens au Moyen Orient. Malgré toutes ces souffrances, vous gardez la bonne distance. Quand on parle de fasciste, je pense à la nouvelle de Dino Buzzati "Pauvre petit garçon" (Povero bambino), que je n'ai pu lire qu'en français.

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  2. "Fascisme : tendance à imposer son point de vue à tout le monde, en dehors de toute concertation, par l'usage de la violence". Les faits sanglants de Paris me rappellent l'époque des "Années de plomb" en Italie, avec des nostalgiques de l'ancien régime (et autres illuminés) qui cherchaient à entraver par les attentats l'évolution démocratique du Pays. Je connaissais l'histoire de Dolfi, alias Adolph Hitler, mais j'avais oublié qu'on la devait à Dino Buzzati, auteur que j'aime beaucoup (je viens de lire tout récemment "Il bosco vecchio" oeuvre de jeunesse aux tons presque disneyens). Et j'apprécie l'usage que vous en faites par rapport à la question des "motivations" : on a beau parler de "Valeurs", de "Patrie", de "Pureté de la race", de "Tradition", de "Volonté divine", les mobiles de ces vocations totalitaires sont probablement ailleurs. La religion comme prétexte?

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  3. J'ai en effet toujours pensé que la religion était très secondaire dans les motivations des personnes qui partent faire le djihad en Syrie ou qui se font exploser à Paris. Il me semble que la génération des 20-30 ans (dont font partie les terroristes de vendredi et dont je fais également partie) a grandi avec une image assez fantasmée de la guerre. Nous avons je crois tendance à nous la représenter comme quelque chose de "beau", où n'importe qui peut, par ses actions, se distinguer et devenir un héros (en semblant oublier qu'elle fait aussi des victimes, ce que les attentats de vendredi nous ont douloureusement fait prendre conscience). Et je pense que c'est cette dimension méritocratique (sans doute véhiculé par les jeux vidéo ou les films d'action, même si ce genre d'accusations est un peu cliché) qui peut séduire en premier lieu (peu importe la cause à défendre finalement), surtout dans une société où il est pour certains si difficile de s'intégrer et de se sentir valorisé (chômage, échec scolaire,...)

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  4. Je vous répondrai par un souvenir personnel. Il y a quelques années, à Rome, les supporters d'une des deux équipes locales s'étaient illustrés dans un lynchage. Sur les murs de la ville, en lettres capitales, on pouvait lire : "FINALMENTE PROTAGONISTI" (enfin Protagonistes).

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