La réhabilitation du sauvage,
on le sait, ne date pas d'aujourd'hui : " Le sauvage" écrivait Diderot dans l'Essai sur la peinture, "a les traits fermes,
vigoureux et prononcés, des cheveux hérissés, une barbe touffue, la proportion
la plus rigoureuse dans les membres; quelle est la fonction qui aurait pu
l'altérer? Il a chassé, il a couru, il s'est battu contre l'animal féroce, il
s'est exercé; il s'est conservé, il a produit son semblable, les deux seules
occupations naturelles. Il n'a rien qui sente l'effronterie ni la honte. Un air
de fierté mêlé de férocité. Sa tête est droite et relevée; son regard fixe. Il
est le maître de sa forêt"*.
Plus le temps passe plus
on s'aperçoit que le sauvage, en
dépit de sa réputation, est très civilisé. Il est fort notamment en matière de plantes et d'animaux. Ce qui
est passionnant, par rapport à notre problématique, c'est que lui aussi, tout spontanément, pense que les animaux
sont des "personnes", à savoir des sujets doués d'une conscience, de
sentiments, d'un point de vue sur le monde.
* Cf., à ce propos, Michèle
Duchet, Anthropologie et histoire au
siècle des Lumières, Paris, Flammarion, 1971
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