Les chardonneret dont il est question
Tous
les matins, entre huit heures et dix heures, un chardonneret vocalise
comme un forcené sur le laurier de mon jardin. Ce laurier vient de loin.
Lorsque je l'ai déterré, dans le parc d'une villa du côté de Rome, il était
assez petit pour rentrer dans une poche de ma veste en velours à la Bob Dylan.
Ici, entre Venise et l'Autriche, il est devenu un arbre et se porte très bien.
Le
chardonneret est peut-être le même que j'ai remis dans son nid au mois de
juin. Il était tombé au sol comme une poire et, perturbé par l'événement,
attendait passivement l'arrivée d'un chat. Il s'adresse à moi
avec éloquence, pendant que je prends mon thé, comme si j'étais une sorte de
Saint François à l'envers qui, au lieu de parler aux oiseaux, écoute leur
sermon.
Notre
émotion partagée se base sur le refoulement. Lui, il fait semblant de ne pas
savoir que les habitants de cette région, traditionnellement, mangeaient
les chardonnerets. Moi, tout en me sentant un grand sauveteur de chardonnerets,
je fais semblant de ne pas me souvenir que, au cours de ma vie, je
dois bien en avoir mangé quelques uns.
Catullo:
RépondreSupprimerPasser, deliciae meae puellae,
quicum ludere, quem in sinu tenere,
cui primum digitum dare appetenti
et acris solet incitare morsus,
cum desiderio meo nitenti
karum nescio quid libet iocari
et solaciolum sui doloris,
credo ut tum gravis acquiescat ardor:
tecum ludere sicut ipsa possem
et tristis animi levare curas!