George Grosz, Le boucher
A côté des raisons
explicites justifiant le végétarisme il y en a d'autres qui échappent aux
entretiens classiques et aux observations anthropologiques (dans le sens où une
partie des motivations reste de l'ordre de l'intime ou de l'inavouable). On les
repère en analysant les associations d'idées produites par les personnes engagées dans la stigmatisation du régime carnivore.
Les cas de figure
évidemment sont multiples, on peut
refuser la viande parce qu'on ne l'aime pas, pour des raisons éthiques, parce
qu'on veut vivre jusqu'à cent ans. On peut ne pas manger de viande tout en étant des
buveurs invétérés et des copulateurs enthousiastes. Mais il n'est pas rare de
voir se dessiner (ce n'est qu'une des modalités, encore une fois), le refus de l'alimentation carnée comme refus
de la corporalité.
Cela s'exprime, par
exemple, dans la mise en scène de la figure du boucher, présenté comme un
"viandard" au double sens du terme, celui qui aime la viande et celui
qui aime la chair fraiche. Armé de son couteau, passant son temps à tripoter et
à pénétrer toutes sortes de matières carnées, le boucher apparait souvent comme
le représentant d'une pulsion priapique naturelle, oui, mais déplorable, propre à l'ensemble du genre masculin
(exemplaire, à ce sujet, le récit d'Aline Reyes, Le boucher, Seuil,
1997).
http://www.veganzetta.org/wp-content/uploads/2016/07/i_dispiaceri_della_carne-plutarco.pdf
RépondreSupprimerJ'ai lu avec grand intérêt les cinq articles dédiés au végétar/lisme. Les deux derniers m'ont fait penser à un roman de Hans Ryner, Le Sphinx Rouge (1905). Hans Ryner est un écrivain individualiste, tout comme le personnage principal de ce récit, une sorte d'ascète végétarien, refusant le contact charnel et vivant à l'écart de la société... Les pages de ce roman égrènent les différents types sociaux les plus néfastes : le prêtre, le professeur, le patron et... le boucher!
RépondreSupprimerVous avez un talent de brocanteur (ou de brocanteuse, si vous préférez). Votre Hans Ryner a l'air très intéressant. En tout cas, je suis déjà d'accord avec lui : les professeurs sont des types sociaux particulièrement néfastes.
RépondreSupprimerC'est sans doute parce que j'aime les brocantes!!(et que j'ai tendance à toujours tout ramener à ma chère Fin-de-siècle!)En tout cas, je prends cela comme un compliment!
RépondreSupprimerMerci à Anna pour le lien vers ce texte très intéressant de Plutarque que je ne connaissais pas. Bizarrement, il me fait penser à un court récit de Pierre Loti intitulé "Viande de Boucherie" : http://www.bmlisieux.com/archives/loti001.htm (attention, c'est du Loti dans toute sa splendeur!)
Le brocanteur repère, sauve de l'oubli, réhabilite. Je trouve que chiner, au-delà du métier ou du passetemps, est une catégorie de l'esprit.
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