lundi 4 juillet 2016

"Couche-toi, mon grand-père"


Griffon ressemblant vaguement à mon arrière-grand-père maternel.

On dit souvent que les animaux de compagnie finissent par ressembler à leurs propriétaires. C'est peut-être plus que cela. Mes chiens et mes chats (j'en ai eu un certain nombre) m'ont toujours regardé comme si on se connaissait depuis l'origine du monde. Nous nous  perdons de vue pendant un moment et après, de façon cyclique, nous nous retrouvons.  

Ceci n'a rien d'étonnant. Dans un article consacré à la gestion des chiens au Nunavik, en expliquant  que l'âme* d'un défunt  peut migrer dans un nouveau né aussi bien que dans un chien, l'ethnologue Francis Lévesque reporte la citation suivante tirée d'une étude de Diamond Jennes :

"Les chiens hurlaient depuis le début de la soirée, un gros chien gris étant le pire de tous. Icehouse [une femme], qui l'avait nommé du nom de son grand-père lui cria : "Couche-toi, mon grand-père. Tu n'as pas travaillé aujourd'hui. Tu as été nourri. Ton estomac n'a-t-il pas de fond?"  


* Je dis l'âme pour faire court (ce qui n'est pas sérieux). Lévesque emploie le terme  atiq : "entité autonome et immortelle qui véhicule un ensemble de relations sociales, de qualités, de capacités et de désirs.  A la mort de l'individu, l'atiq quitte le corps du défunt et se met à la recherche d'un autre corps à habiller.  Francis Lévesque, "La où le bât blesse. Soixante ans de gestion des chiens au Nunavik", in, Michèle Cros, Julien Bondaz, Frédéric Laugrand, Bêtes à pensées. Visions des mondes animaux. Paris, Editions des archives contemporaines, 2015.  

1 commentaire:

  1. Un beau jour, j'ai rencontré une fée de la région de Carhaix qui m'a raconté que son grand-père, qu'elle aimait visiblement beaucoup, était toujours très concerné par les grenouilles. C'était un peu le Schindler des batraciens. Dès qu'une mare était menacée, il transférait ailleurs jusqu'à la dernière qu'il pouvait trouver. Bien des années plus tard, alors qu'elle et ses petits-enfants prenaient le soleil dans la cour de sa vieille maison, un anoure s'est soudain trouvé là et l'un des garçons, ne l'ayant pas vu, a failli l'écraser. La fée a alors dit : "Attention, c'est peut-être Pépé !".

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