mardi 20 juin 2017

Jardinage et biopouvoir


Papillon inattendu venu mettre du désordre dans notre jardin

Dans le traitement du jardin nous exprimons nos rapports à l'altérité.  Certains jardiniers s'entourent d'espèces rares et exotiques. Ils aiment les étrangers, oui, mais pourvu qu'ils aient de la classe. D'autres, plus "branchés", mettent en valeur ceux qui arrivent sans invitation, amenés par l'eau ou par le vent (c'est la poétique de Gilles Clément et de son Éloge des vagabondes*). D'autres encore  tiennent à la pureté ethnique : "Moi, Monsieur, je ne garde que les espèces bien de chez nous ...". On connait le cas de ces jardiniers contradictoires qui, tout en  se réclamant de l'autochtonie, cherchent à masquer leurs racines rurales. Ils donnent alors une chasse impitoyable aux pissenlits et autres plantes adventices susceptibles de rappeler  les prés et,  par là, la campagne et ses habitants.  Il y a ensuite ceux qui militarisent leur jardin avec des murs en béton et des barbelées. Une fois rassurés, ils exercent un contrôle méthodique sur tout ce qui bouge. C'est le modèle "Chacun chez soi etc.". Ils ont un jardin de patriote. Mais leur pelouse, bien rasée et toujours impeccable,  n'a rien de typiquement français.


Nel modo di trattare il giardino esprimiamo il nostro rapporto con l'alterità. Certi giardinieri si circondano di specie rare ed esotiche. Amano gli stranieri purché siano di classe. Altri, più sofisticati, mettono in valore quel che arriva spontaneamente portato dall'acqua dal vento e dagli uccelli (è la poetica di Gilles Clément e del suo Éloge des vagabondes*). Altri ancora privilegiano la purezza etnica "Io, caro mio, non tengo che piante delle nostre parti ... ". Certi giardinofili, piuttosto contraddittori,  rivendicano la loro autoctonia vergognandosi, nello stesso tempo,  delle  radici rurali. Danno allora una caccia senza quartiere ai radicchi di campo e altre piante avventizie che ricordano appunto i campi e, di conseguenza, la campagna e i suoi abitanti. Ci sono poi quelli che militarizzano il giardino con muri di cinta e filo spinato (i più estremisti). Una volta al sicuro, esercitano un controllo metodico su tutto quello che si muove o osa muoversi. È il modelle "Moglie e buoi dei paesi tuoi". Hanno un giardino da patrioti. Ma il loro prato, ben rasato e sempre impeccabile, non ha  niente di tipicamente francese.

*Clément, G. (2002). Éloge des vagabondes. Paris, Nil Éditions.

1 commentaire:

  1. Un jardinier une jardinière
    Un aumônier une aumônière
    Un entraîneur une entraîneuse
    Professeur* ...euh...e ?
    Docteur* ... ...esse ...e
    Le médecin la médecine
    Le marin la marine
    Un Grand Homme une grande femme
    DIEU une déesse

    *Les professeurs Georges Dumézil et Claude Lévi-Strauss, à qui la Compagnie (l’Académie Française) avait confié la rédaction de ce texte, adopté à l’unanimité dans la séance du 14 juin 1984, concluaient ainsi : « En français, la marque du féminin ne sert qu’accessoirement à rendre la distinction entre mâle et femelle. (...)Tous ces emplois du genre grammatical constituent un réseau complexe où la désignation contrastée des sexes ne joue qu’un rôle mineur. Des changements, faits de propos délibéré dans un secteur, peuvent avoir sur les autres des répercussions insoupçonnées. Ils risquent de mettre la confusion et le désordre dans un équilibre subtil né de l’usage, et qu’il paraîtrait mieux avisé de laisser à l’usage le soin de modifier »

    (En 1984, unique femme chez les “immortels” : Marguerite Yourcenar, qui participait à cette belle unanimité. Ces “messieurs”, les dames, n’y pullulent pas encore à ce jour).

    Humains et non-humains, les capucins dansent la capucine.

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