Papillon inattendu venu mettre du
désordre dans notre jardin
Dans le traitement du jardin nous exprimons nos rapports à
l'altérité. Certains jardiniers s'entourent
d'espèces rares et exotiques. Ils aiment les étrangers, oui, mais pourvu qu'ils
aient de la classe. D'autres, plus "branchés", mettent en valeur ceux qui arrivent sans invitation, amenés par l'eau ou par le vent (c'est la
poétique de Gilles Clément et de son Éloge
des vagabondes*). D'autres encore tiennent à la pureté ethnique : "Moi,
Monsieur, je ne garde que les espèces
bien de chez nous ...". On connait le cas de ces jardiniers contradictoires qui, tout en se réclamant de l'autochtonie, cherchent à masquer leurs racines rurales. Ils donnent alors une chasse impitoyable aux pissenlits et
autres plantes adventices susceptibles de rappeler les prés et, par là, la campagne et ses
habitants. Il y a ensuite ceux qui
militarisent leur jardin avec des
murs en béton et des barbelées. Une fois rassurés, ils exercent
un contrôle méthodique sur tout ce qui bouge. C'est le modèle
"Chacun chez soi etc.". Ils ont un jardin de patriote. Mais leur
pelouse, bien rasée et toujours impeccable, n'a rien de typiquement français.
Nel modo di trattare il giardino
esprimiamo il nostro rapporto con l'alterità. Certi giardinieri si circondano
di specie rare ed esotiche. Amano gli stranieri purché siano di classe.
Altri, più sofisticati, mettono in valore quel che arriva spontaneamente
portato dall'acqua dal vento e dagli uccelli (è la poetica di Gilles Clément e
del suo Éloge des vagabondes*).
Altri ancora privilegiano la purezza etnica "Io, caro mio, non tengo che piante
delle nostre parti ... ". Certi giardinofili, piuttosto contraddittori, rivendicano la loro autoctonia
vergognandosi, nello stesso tempo, delle radici
rurali. Danno allora una caccia senza quartiere ai radicchi di campo e altre
piante avventizie che ricordano appunto i campi e, di conseguenza, la campagna
e i suoi abitanti. Ci sono poi quelli che militarizzano il giardino con muri di
cinta e filo spinato (i più estremisti). Una volta al sicuro, esercitano un controllo
metodico su tutto quello che si muove o osa muoversi. È il modelle "Moglie
e buoi dei paesi tuoi". Hanno un giardino da patrioti. Ma il loro prato,
ben rasato e sempre impeccabile, non ha
niente di tipicamente francese.
*Clément, G. (2002). Éloge des vagabondes. Paris, Nil Éditions.
*Clément, G. (2002). Éloge des vagabondes. Paris, Nil Éditions.
Un jardinier une jardinière
RépondreSupprimerUn aumônier une aumônière
Un entraîneur une entraîneuse
Professeur* ...euh...e ?
Docteur* ... ...esse ...e
Le médecin la médecine
Le marin la marine
Un Grand Homme une grande femme
DIEU une déesse
*Les professeurs Georges Dumézil et Claude Lévi-Strauss, à qui la Compagnie (l’Académie Française) avait confié la rédaction de ce texte, adopté à l’unanimité dans la séance du 14 juin 1984, concluaient ainsi : « En français, la marque du féminin ne sert qu’accessoirement à rendre la distinction entre mâle et femelle. (...)Tous ces emplois du genre grammatical constituent un réseau complexe où la désignation contrastée des sexes ne joue qu’un rôle mineur. Des changements, faits de propos délibéré dans un secteur, peuvent avoir sur les autres des répercussions insoupçonnées. Ils risquent de mettre la confusion et le désordre dans un équilibre subtil né de l’usage, et qu’il paraîtrait mieux avisé de laisser à l’usage le soin de modifier »
(En 1984, unique femme chez les “immortels” : Marguerite Yourcenar, qui participait à cette belle unanimité. Ces “messieurs”, les dames, n’y pullulent pas encore à ce jour).
Humains et non-humains, les capucins dansent la capucine.