vendredi 29 septembre 2017

Les accidents de chasse et leurs racines mythiques


Les funérailles du chasseur par les animaux de la forêt

"Si les accidents de chasse nous passionnent, c’est aussi qu’ils sont imprégnés d’une véritable matière tragique au sens classique du terme. L’accident de chasse met en scène la famille, les alliances, les rivalités. Le père tue son fils (Abraham et Isaac, même si dans l’épisode biblique cela se termine bien) ; le fils tue son père (Œdipe et Laïos) ; un frère tue l’autre frère (Caïn et Abel) ; deux frères s’entretuent (Étéocle et Polynice) ; le petit fils tue son  grand-père (Persée et Acrisios) ; un chasseur centre en pleine figure son meilleur ami avec l’hypothèse immédiate, de la part du public, d’une relation adultérine à l’origine du décès (Hamlet). Un vieillard foudroie son petit fils en le prenant pour un lièvre (rupture du lien de descendance) et retourne l’arme contre lui. Deux amis s’entretuent en visant le même pinson (« mimétisme » et « double monstrueux », en jouant un peu avec le vocabulaire girardien).  Et après, pour rester dans le cadre des suggestions mythiques, il y a tout ce qui est de l’ordre de la métamorphose, de l’ambiance mystérieuse qui entoure les gestes qui ont pour théâtre la forêt : « Il était sûr d’avoir vu des sangliers. Manque de chance, juste avant de tirer ils ont pris la forme d’un couple de fiancés ». « Il croyait avoir vu passer un beau chevreuil. Hélas, c’était l’invité du maire, avec sa veste de chasse en peau de chamois ».

Extrait de mon article "Mort (et résurrection?) du chasseur", in Anthony Goreau-Ponceaud, Nicolas Lemoigne éd.) Chasse, chasseurs et normes. Bordeaux, Maison des Sciences de l'Homme d'Aquitaine, 2017, p. 31-40


"Se gli incidenti di caccia ci appassionano, è anche perché sono impregnati di un'autentica materia tragica in senso classico. L'incidente di caccia mette in scena la famiglia, le alleanze, le rivalità. Il padre uccide il figlio (Abramo e Isacco, anche se l'episodio biblico finisce bene); il figlio uccide il padre (Edipo e Laio) ; un fratello uccide l'altro (Eteocle e Polinice) ; il  nipote uccide il nonno (Perseo e Acrisio) ; un cacciatore centra in pieno il suo migliore amico,  con l'ipotesi immediata di una relazione adulterina all'origine del decesso (Amleto). Un vecchio folgora il nipote prendendolo per una lepre (rottura del legame di discendenza) e rivolge l'arma contro se stesso. Due amici si uccidono a vicenda tirando sullo stesso fringuello ("mimetismo e doppio mostruoso", giocando un po' con il vocabolario di René Girard). E poi, per restare nel quadro delle suggestioni mitiche, c'è il fascino delle metamorfosi, dell'aura misteriosa che circonda i gesti che hanno per teatro la foresta : "Era sicuro di aver di aver visto dei cinghiali. Colpo di sfortuna, subito prima del tiro si sono trasformati in una coppia di fidanzati". "Credeva di aver visto passare un bel capriolo. Purtroppo era l'invitato del sindaco con la sua bella giacca di pelle scamosciata".

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