Les funérailles du chasseur par les animaux
de la forêt
"Si les accidents de chasse nous
passionnent, c’est aussi qu’ils sont imprégnés d’une véritable matière tragique
au sens classique du terme. L’accident de chasse met en scène la famille, les
alliances, les rivalités. Le père tue son fils (Abraham et Isaac, même si dans
l’épisode biblique cela se termine bien) ; le fils tue son père (Œdipe et
Laïos) ; un frère tue l’autre frère (Caïn et Abel) ; deux frères s’entretuent
(Étéocle et Polynice) ; le petit fils tue son grand-père (Persée et Acrisios) ; un chasseur centre en
pleine figure son meilleur ami avec l’hypothèse immédiate, de la part du
public, d’une relation adultérine à l’origine du décès (Hamlet). Un vieillard
foudroie son petit fils en le prenant pour un lièvre (rupture du lien de
descendance) et retourne l’arme contre lui. Deux amis s’entretuent en visant le
même pinson (« mimétisme » et « double monstrueux », en
jouant un peu avec le vocabulaire girardien). Et après, pour rester dans le cadre des suggestions
mythiques, il y a tout ce qui est de l’ordre de la métamorphose, de l’ambiance
mystérieuse qui entoure les gestes qui ont pour théâtre la forêt :
« Il était sûr d’avoir vu des sangliers. Manque de chance, juste avant de
tirer ils ont pris la forme d’un couple de fiancés ». « Il croyait
avoir vu passer un beau chevreuil. Hélas, c’était l’invité du maire, avec sa
veste de chasse en peau de chamois ».
Extrait de mon article "Mort (et
résurrection?) du chasseur", in Anthony Goreau-Ponceaud, Nicolas Lemoigne
éd.) Chasse, chasseurs et normes. Bordeaux,
Maison des Sciences de l'Homme d'Aquitaine, 2017, p. 31-40
"Se gli incidenti
di caccia ci appassionano, è anche perché sono impregnati di un'autentica
materia tragica in senso classico. L'incidente di caccia mette in scena la
famiglia, le alleanze, le rivalità. Il padre uccide il figlio (Abramo e Isacco,
anche se l'episodio biblico finisce bene); il figlio uccide il padre (Edipo e
Laio) ; un fratello uccide l'altro (Eteocle e Polinice) ; il nipote uccide il nonno (Perseo e
Acrisio) ; un cacciatore centra in pieno il suo migliore amico, con l'ipotesi immediata di una
relazione adulterina all'origine del decesso (Amleto). Un vecchio folgora il
nipote prendendolo per una lepre (rottura del legame di discendenza) e rivolge
l'arma contro se stesso. Due amici si uccidono a vicenda tirando sullo stesso
fringuello ("mimetismo e doppio mostruoso", giocando un po' con il
vocabolario di René Girard). E poi, per restare nel quadro delle suggestioni
mitiche, c'è il fascino delle metamorfosi, dell'aura misteriosa che circonda i
gesti che hanno per teatro la foresta : "Era sicuro di aver di aver visto
dei cinghiali. Colpo di sfortuna, subito prima del tiro si sono trasformati in
una coppia di fidanzati". "Credeva di aver visto passare un bel
capriolo. Purtroppo era l'invitato del sindaco con la sua bella giacca di pelle
scamosciata".
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