A
quoi sert donc le sacrifice ? Cela dépend des circonstances, des cultures
et des locuteurs. Le Larousse, sobrement, présente le sacrifice comme une « Offrande à
une divinité et, en particulier, immolation de victimes ». Marcel Mauss et
Henri Hubert, auteurs d’une étude qui fait encore aujourd’hui autorité, le
considèrent comme une forme de communication permettant au profane, par
l’intermédiaire d’une victime, d'entrer en contact avec le sacré. Les responsables religieux musulmans – je simplifie
- voient le sacrifice dans les termes
suivants : « Par sacrifice on entend la bête domestique tuée au
cours des jours de la fête du Sacrifice pour se rapprocher d’Allah le Puissant
et Majestueux ».* Brigitte Bardot, parlant au nom de sa fondation, y voit plutôt
une (…) immonde fête religieuse (…) qui comme tous les ans depuis des années
sacrifiera, cruellement, sans étourdissement préalable, des centaines de
milliers de moutons qui, après une longue et douloureuse agonie, perdront
conscience, étouffés par le sang qui coulera à flots de leurs gorges ouvertes … »**. Sa position, de ce point de vue, n‘est pas
très éloignée de celle de Pythagore
dénonçant, aux débuts du 5ème siècle A.J.C., la cruauté de
cette pratique - véritable institution qui remplissait, dans la Grèce
ancienne, un rôle politique de premier
plan. Pendant longtemps, toutefois, malgré les
critiques qui ont poussé ici et là, la victime sacrificielle a continué
de remplir docilement son rôle d’intermédiaire entre les hommes et les dieux,
ne laissant à la question de la violence qu’une place marginale, celle d’un
« effet collatéral », d’une nécessité : on ne fait pas
d’omelette sans casser des œufs. (À suivre)
* https://islamqa.info/fr/answers/36432/le-sacrifice%C2%A0-definition-et-statut
** Ces
propos ont été repris et diffusés, en premier, par Valeurs actuelles : https://www.valeursactuelles.com/societe/aid-el-kebir-brigitte-bardot-vent-debout-contre-labattage-rituel-des-moutons-122021
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