Caïn est jaloux de son frère. La violence va éclater
Le
lien entre la violence et le sacrifice saute aux yeux. Beaucoup d’auteurs l’ont
traité admirablement, que l’on songe aux
fulgurances de Georges Bataille ou aux
analyses savantes et courageuses de Walter Burkert. Mais celui qui en a tiré la
réflexion la plus organique est probablement René Girard. Contagieuse et
mimétique, nous rappelle Girard, la violence nous habite. Elle est alimentée
par un sentiment d’inachèvement, par le désir d’être l’Autre (d’être notre
voisin, dont l’herbe est toujours la plus verte). Elle s’accumule
au sein de la famille, du groupe, de la communauté et risque à tout moment de détruire la paix sociale. Pour éviter la guerre
fratricide il faut que cette violence généralisée trouve périodiquement son issue. L’institution du bouc
émissaire, au cœur du dispositif sacrificiel, remplit justement ce rôle :
on projette la violence collective sur un
seul individu, "réceptacle de tous les
maux", et on la fait imploser. Le sang de la victime coule, la tension disparaît. Ceci, jusqu’à la
nouvelle crise, qui demandera la désignation d’un nouveau coupable, d’un
nouveau bouc émissaire.
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