(suite) Une des principales caractéristiques des fleuves qui longent
les villes est qu’on y trouve des épaves métalliques. Il y en avait une juste
à portée de ma main. Elle n’était pas très aérodynamique (un morceau de vieille
cuisinière, je crois) mais peu
importe. Dans la tentative de
sauver ma créature*, j'ai brandi l'épave et me suis lancé
comme un samurai en direction du chien noir. Je hurlais très fort pour lui faire
peur. À ce moment (pas avant), l’homme de la bibliothèque a rappelé son chien
qui a obéi instantanément. Il était haletant et contrarié**.
« De toute façon, a-t-il commenté avec dépit, il n’y avait pas de quoi
s’inquiéter : je suis assuré ».
Revenons à nos ours, à nos loups et aux carnages qu'ils réalisent dans les prairies de France et de Navarre. Leurs
défenseurs rétorquent aux bergers (et
c’est presque un reproche) : « De toute façon, l’État vous
rembourse ! ».
Leur raisonnement est le même que celui du géomètre.
Leur raisonnement est le même que celui du géomètre.
FIN
* Une créature "pas d'exception", mais quand même ...
** Tous les deux étaient haletants et contrariés.
** Tous les deux étaient haletants et contrariés.
Vous trichez un peu quand même : dans votre cas, le préjudice est presque exclusivement moral. Dans le cas des éleveurs, je ne dis pas qu'ils n'aiment pas leur bête, car j'en connais et ce n'est pas le cas, mais le préjudice est principalement financier. Quand ils évoquent un préjudice moral, ce n'est pas l'amour des animaux qu'ils mettent en avant, mais les efforts déployés et le temps passé pour rien. On aurait pu tout aussi bien leur donner directement de l'argent.
RépondreSupprimerVotre remarque m’inspire trois réponses.
RépondreSupprimer1) Nous ne connaissons pas les mêmes éleveurs.
2) Vos avez raison. À tel point qu’à l’époque du salon de l’Agriculture j’ai entendu une jeune éleveuse interviewée par France Inter déclarer (elle parlait au nom de la catégorie) : « Cela nous touche de tuer nos animaux mais, soyons franc, nous sommes heureux de regarder une « belle carcasse bien finie» (ce n’est peut-être pas sa formule exacte mais cela change de peu).
3) Mon préjudice, effectivement, était seulement moral. Celui de l’éleveur est (je pense aux petits exploitants avec leurs ânes, leurs reproducteurs, leurs bêtes préférées), à la fois moral et économique.
Sur les éleveurs que je connais, ce sont des bergers qui font la transhumance à pied. Je concède qu'ils ne sont pas représentatifs mais ils aiment beaucoup leurs moutons (et leurs chiens).
RépondreSupprimerVos éleveurs ressemblent beaucoup aux miens, finalement.
RépondreSupprimerJe ne sais pas si ceux que je connais aiment beaucoup leurs moutons, ni leurs chèvres mais quand ils les transportent vivants sur leurs motos c'est souvent qu'ils ne vont pas tarder à passer à la casserole donc ce n'est pas trop le moment de fraterniser. De façon générale ils m'ont semblés respectueux (leur mode de vie repose sur la "générosité" des troupeaux) mais plutôt indifférents. Quant à leurs chiens ils les frappent à coups de pierre et il y a quelques années, les soldats du village en avaient abattu une bonne dizaine d'une balle dans la tête, dont le nôtre, que personne d'autre que moi n'avait pleuré.
RépondreSupprimerMerci pour ce témoignage. Mais pourriez-vous situer (ne serait-ce que géographiquement), vos motards et vos moutons?
SupprimerBien sûr, ce sont des éleveurs de l'ouest mongol (j'en profite pour corriger le "s" à "sembler" j'ai écrit un peu vite)
SupprimerOui, vraiment, « faut qu’ça saigne! »
RépondreSupprimerComme dans l’analogie qu’on peut en faire avec l’argent, le sang doit circuler et se répandre, de façon économe pour les petits éleveurs, façon potlatch avec les grands prédateurs (et l’élevage industriel).
J'aime bien cette idée du potlatch. Le rôle des grands prédateurs (cela me fait penser à Georges Bataille), est de produire des saignements démesurés, en pure dépense.
RépondreSupprimer« ... dans un souci de prestige ( ...)
SupprimerDans « La société de consommation » Jean Baudrillard montre comment la société de consommation capitaliste, comme toute société humaine, repose également sur ce principe de gâchis(...) »*
Grands prédateurs de tous les pays unissez-vous..
*(Lucas Degryse - L'auto-destruction comme essence de l'humain.)