Tous les ans, en époque estivale, les îles Féroé sont le théâtre du Grindadráp, un événement spectaculaire qui commémore la première rencontre des représentants de l’Occident éclairé avec la population indigène. Lorsque tout est prêt, les jeunes autochtones rabattent vers la plage des globicéphales et les tuent à l’arme blanche sous les yeux du public. Une des particularités de ces mammifères aquatiques est d’être pleins de sang, qui au cours du rituel se répand partout. C’est affreux mais très cinématographique. Les journalistes filment et, dans leurs commentaires outrés, on saisit toute leur indignation. Les locaux se laissent docilement filmer, jouent leur rôle de sauvages avec beaucoup de naturel et clament haut et fort leur droit à perpétuer leurs pratiques initiatiques*. À la fin de la cérémonie les participants rentrent joyeux chez eux, les uns fiers d’avoir montré leur virilité et leur attachement aux traditions, les autres fiers d’avoir prouvé leur bonté et l’infériorité morale de la population insulaire. Fiers aussi d’avoir effectué un scoop fantastique qui engrangera des milliers des « likes » sur les réseaux sociaux.
Cette année, je me suis souvenu de cet événement grâce aux réactions indignées de la Fondation Brigitte Bardot (ce sont des « aficionados » du Grindadráp, désormais) et du journaliste Hugo Clément. Mais j’ai déjà traité ce sujet dans mon article « Le show animalitaire . Mises en scène de la souffrance animale » :
https://books.openedition.org/editionsehess/21551?lang=fr
*« Initiatiques mon œil », chante le chœur des spectateurs.
On pourrait raconter aux habitants des îles Féroé « La légende du tatouage qui remplaça les sacrifices humains » [et non-humains].
RépondreSupprimerElle propose une alternative au carnage peut-être plus « swag » que le rituel chrétien de l’eucharistie.
Cela reste un peu mystérieux. Pourriez-vous nous fournir quelques détails supplémentaires?
SupprimerCette légende raconte comment les dieux ont mis un « tabu » sur les sacrifices humains (et non humains) en les remplaçant par le tatouage, en ayant bien à l’esprit qu’il « faut qu’ça saigne ».
RépondreSupprimerLa légende complète par le lien suivant :
https://www.tahitiheritage.pf/legende-tatouage-sacrifices-humains/
La structure et le contenu de cette légende, à mon sens, sentent le missionnaire
SupprimerGénie du Christianisme.
SupprimerConnait-on l'origine de cette tradition Féroé? (sacrifice humain ou Delphinidé) En connait-on les raisons? Eventuellement, connait-on (aussi) l'origine de ce qui l'a destitué)J'imagine que le sacrifice humain a eu un rôle de régulation concret dans un espace îlien restreint,et sous un climat favorable au développement de l'homme. Je me figure que le sacrifice des dauphins avait une justification similaire. (rivalité dans la chaine alimentaire) Simple visiteur ici, j'ignore si mes questionnements rentrent dans le cadre de vos recherches. (je n'ai toujours pas fait la différence entre sociophage, anthropographe ou sismologue)Savez-vous si mes interrogations ont déjà fait l'objet de recherches dans vos domaines d'études?! Bien cordialement. Hervé A.
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