Source : Il Corriere della Sera du 3 mai
À Brest on stérilise les œufs de goéland. C’est triste mais nécessaire. À Rome, on sauve les bébé-goélands* tombés du quatrième étage et on s’émeut.
* En France on les appelle "grisards", ce qui me paraît vaguement péjoratif. Lorsqu'un bébé-goéland tombe du quatrième étage c'est grave. Lorsque c'est un grisard ...
Je ne sais pas ce qu’il en est chez nos amis romains, mais diantre, ce drôle d’oiseau a un statut bien particulier dans la mémoire collective des populations littorales bretonnes !
RépondreSupprimerLe goéland, c’est un peu « je t’aime, moi non plus »...
Je vous épargne les pages consacrées a la bestiole ailée dans l’oeuvre d’Anatole le Braz (Légendes de la mort chez les Bretons armoricains), parce qu’entre intersignes et âmes des noyés, on y est jusqu’à demain, mais je ne résiste pas à partager avec vous le texte
écrit par Lucien Boyer en 1905 et chanté par Damia…
Les marins qui meurent en mer
Et que l’on jette au gouffre amer
Comme une pierre,
Avec les chrétiens refroidis
Ne s’en vont pas au paradis
Trouver saint Pierre !
Ils roulent d’écueil en écueil
Dans l’épouvantable cercueil
Du sac de toile.
Mais fidèle, après le trépas,
Leur âme ne s’envole pas
Dans une étoile.
Désormais vouée aux sanglots
Par ce nouveau crime des flots
Qui tant le navre,
Entre la foudre et l’Océan
Elle appelle dans le néant
Le cher cadavre.
Et nul n’a pitié de son sort
Que la mouette au large essor
Qui, d’un coup d’aile,
Contre son cœur tout frémissant,
Attire et recueille en passant
L’âme fidèle.
L’âme et l’oiseau ne font plus qu’un.
Ils cherchent le corps du défunt
Loin du rivage,
Et c’est pourquoi, sous le ciel noir,
L’oiseau jette avec désespoir
Son cri sauvage.
Ne tuez pas le goéland
Qui plane sur le flot hurlant
Ou qui l’effleure,
Car c’est l’âme d’un matelot
Qui plane au-dessus d’un tombeau
Et pleure... pleure !
Brrrr… alors, Maurice, on fait moins le malin ?