vendredi 12 novembre 2021

Faut-il se réjouir de la mort d’un chasseur ? Autour des accidents de chasse et de leur réception

 


Paulus Potter (1625-1654)
. La punition du chasseur
 (1647 environ)

L’autre jour j’ai eu l’opportunité de participer à l’émission « Le téléphone sonne »*. On avait tous beaucoup de choses à dire, ce qui m’a empêché d’arriver au bout de mon raisonnement. Mais c’était presque inévitable et je ne me plains pas. Ce que j’avais à ajouter, d’ailleurs, aurait été inécoutable. Ça concernait le thème central de l’émission, portant sur les  accidents de chasse qui rendent nos promenades en forêt de plus en plus aventureuses. En fait, j’aurais aimé consacrer quelques mots aux commentaires qui font suite, habituellement,  à la mort accidentelle d'un chasseur (événement relativement courant). Leur véhémence s’explique car, comme le rappelle l'expression biblique, « qui sème le vent récolte la tempête  … », mais elle ouvre sur une  réflexion plus large autour de la violence et  de ses multiples expressions.

J’en parle dans mon étude Faut qu’ça saigne. Écologie, religion, sacrifice (à côté de la plaque, aujourd'hui, tellement elle s'éloigne de la sensibilité ambiante)**. J’y reporte quelques commentaires haineux comme les suivants :

« Que dire …. La justice divine a voulu te punir  … j’espère seulement que tu n’est pas mort sur le coup … mais seulement après une bonne dose d’agonie et de souffrance … au froid , seul, avec tes souvenirs du sang et de mort que tu as causés  … j’espère que tu ne trouveras pas de paix où que tu sois maintenant »  (GuglielmoCicolin)https://www.facebook.com/TgAmiciAnimali/photos/a.156353671153389/987509048037843/?type=1&theater 

« Ouiiiiiiiiiiii'!!!!!! Je suis heureuse pour ta mort !!!!!!!!! Je juouiiiiiiiiiis ! Cela ne me déplait même pas un petit peu!!!!!! Finalement de la justice pour tous les animaux que tu as tués par  passe-temps !! » (Assunta Verdecanna, ibid.)

Et voici ma réaction :

« Il n’y a pas que ce genre de commentaires. D’autres refusent cette agressivité et s’étonnent. Mais le ton  dominant est la ferveur punitive. C’est un ton homogène, comme si un même courant traversait les lanceurs d’anathèmes. Le lexique fourmille  de références religieuses :  on parle de Karma, de vengeance de la nature, de destin, du bon Dieu « qui donne et qui prend », on souhaite au [chasseur qui vient de mourir]*** les flammes de l’enfer. On se pose en ministres d’une justice céleste et, pour mieux l’exercer, on souille le condamné avec des mots orduriers mélangeant l’obscène et le scatologique.   Lorsqu’on pense aux idéaux humanitaires, iréniques, prêchés par les amis des animaux,  on a du mal à croire que cette population bariolée, qui rêve d’un monde apaisé où le « loup dormira avec l’agneau », puisse faire preuve d’une telle férocité » (p. 56).

*https://www.franceinter.fr/emissions/le-telephone-sonne/le-telephone-sonne-du-vendredi-05-novembre-2021

** Éditions Dépaysage, 2020

 *** Dans l'exemple que je propose il s'agit d'un certain  docteur Pozzetto, un vétérinaire passionné de chasse tombé accidentellement d'une falaise.

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