Canidé médiéval
Un Loup n'avait que les os et la peau ;
Tant les Chiens faisaient
bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde.
L'attaquer, le mettre en
quartiers,
Sire Loup l'eût fait
volontiers.
Mais il fallait livrer
bataille
Et le Mâtin était de
taille
A se défendre hardiment.
Le Loup donc l'aborde
humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu'il
admire.
Il ne tiendra qu'à
vous, beau sire,
D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous
ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, haires, et
pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? Rien d'assuré, point de franche lippée.
Tout à la pointe de l'épée.
Suivez-moi ; vous aurez un bien meilleur destin.
Le Loup reprit : Que me faudra-t-il faire ?
Presque rien, dit le Chien : donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants;
Flatter ceux du logis, à son maître complaire ;
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons:
Os de poulets, os de pigeons,
........Sans parler de mainte caresse.
Le loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant il vit le col du Chien, pelé :
Qu'est-ce là ? lui dit-il. Rien. Quoi ? rien ? Peu de
chose.
Mais encor ? Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? Pas toujours, mais qu'importe ?
Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.
Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor.
Cette fable de Jean de la Fontaine m'inspire les questions suivantes :
Le chien du chasseur : un subalterne malheureux?
Le chien d'appartement : un partenaire heureux?*
Le sage répondra : "Cela dépend des cas" Laissons-le à sa sagesse.
Parfois j'ai l'impression que l'on peut raconter, par le biais des animaux, bon nombre de traits que l'on peut retrouver chez l'être humain. L'animal comme prétexte n'a jamais été aussi vrai dans ce cas. Entre la liberté de courir où bon nous semble dans l'incertitude ou l’opulence d'un confort matérialiste (tout aussi incertain, le jour où les "caisses sont vides") il n'y a qu'un pas.
RépondreSupprimerMatthias Koehler
Esope serait d'accord avec vous (et moi aussi).
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