jeudi 10 février 2022

Ce qu'il ne faut pas dire en matière d'animaux

 

Prochaine séance du séminaire - Ruralités contemporaines en question(s)
 
  • Pierre Alphandérychargé de recherche, INRA(hors EHESS)
  • Michel Streithdirecteur de recherche, CNRS(TH) (hors EHESS)
  • Sergio Dalla Bernardinaprofesseur, Université Bretagne Occidentale(TH) (IIAC-LACI) Cet enseignant est référent pour cette UE
 
Cette séance se tiendra le
 
Lundi 14 février 2022 de 11h à 13h
Prochaine séance du séminaire - Ruralités contemporaines en question(s)
 

 

Sergio Dalla Bernardina, Ce qu’il ne faut pas dire en matière d’animaux (1). Peut-on encore parler de mobiles inconscients ?

 

À propos de l’ouvrage : La Langue des bois. L’appropriation de la nature entre remords et mauvaise foi (Paris, éditions du Muséum d’Histoire naturelle, 2020)*

Séance présentée par Sophie Bobbé


 

Résumé :

 

Les propos des chercheurs sont des récits parmi tant d’autres. Pour qu’ils deviennent mythiques il faut qu’ils correspondent aux attentes du milieu.

 

*Cette séance sera suivie par celle du 28 février : Ce qu’il ne faut pas dire en matière d’animaux(2). Le loup est noble, la vache un peu moins.


mardi 8 février 2022

Avec toutes mes excuses, Monsieur

 


 

Brest. Dimanche matin au marché

- C’est combien ?

-  Quatre euros cinquante-cinq pile.

La réponse me trouble.

À côté de moi il y a un chien. En rangeant mon porte-monnaie je le heurte légèrement avec mon panier et, par distraction, je lui dis :  « Pardon !».  Je reprends mon chemin un peu égaré.

dimanche 6 février 2022

Le chasseur : un oxymore vivant?

 

 

Giacomo Balla,  Dynamisme d'un chien en laisse, 1912


Les prochains billets seront consacrés à mon ouvrage : La langue des bois, l’appropriation de la nature entre remords et mauvaise foi (éditions du Muséum d’Histoire naturelle, 2020). Dans le chapitre « Pour qui est le don? », qui reprend un  article de 1996,  après avoir évoqué la cohabitation conflictuelle du modèle « romantique » (le chasseur passionné) et du modèle « marchand » (le chasseur gestionnaire), j'écrivais :

« D’où le caractère quelque peu contradictoire, pour ne pas dire schizoïde du chasseur contemporain*. D’un côté, il ne renonce pas à parler de passion, de plaisir et même de manie. De l’autre, il prétend placer son action sous le signe de l’utilité et de la rationalité scientifique. Sorte d’oxymore vivant, comme ces chiots qui aboient d’un air menaçant tout en remuant joyeusement la queue, il emploie simultanément deux codes opposés. Mais il va sans dire que les bêtes dont il nous parle appartiennent à deux espèces bien différentes : des partenaires presque humanisés d’un côté, de simples marchandises de l’autre » La langue des bois, op. cit. p. 88.

Le fait de revendiquer  simultanément le statut de jouisseur (« Je chasse pour le plaisir... ») et celui de gestionnaire («Je ne chasse pas, je régule ... ») n’a donc rien d'insolite, ni de récent
 
* Il n'est pas le seul, bien entendu.  Je pense que ce penchant « schizoïde » nous habite tous, d'une manière ou de l'autre.

vendredi 4 février 2022

Faut-il brosser les chasseurs dans le sens du poil ? A propos d’un ouvrage récent de Glauco Sanga comparant les chasseurs aux marginaux.

 

 


Je suis parfois étonné de la désinvolture avec laquelle les chasseurs contemporains se réclament de ces « ancêtres mythiques » que sont devenus pour eux  les chasseurs-cueilleurs. Leur référentiel, assez souvent,  est un « chasseur-cueilleur pour philosophes », sorte de « bon sauvage » déduit à partir  de ce que nous sommes. Et  puisque nous sommes des gaspilleurs et des ennemis de la nature, le « bon chasseur d’antan » sera forcément un protecteur de l’environnement et un ami des animaux.

D’autres lectures sont pourtant possibles, qui n’emporteraient pas l’enthousiasme des porte-parole du monde cynégétique qui cherchent dans le passé lointain, ou dans  l’exotisme, les arguments pour anoblir le chasseur contemporain*. J’y pense en lisant ce passage particulièrement insolite et intrigant, dans lequel l’anthropologue et linguiste Glauco Sanga, nous parlant de la fable, de ses antécédents et de ses voies de propagation, compare les chasseurs-cueilleurs aux marginaux contemporains :

« Quel rapport y a-t-il entre les marginaux et les chasseurs ? Si nous comparons systématiquement les caractéristiques de la culture des marginaux avec celles des chasseur-cueilleurs nous trouvons des analogies surprenantes sur le plan économique, environnemental, social, idéologique, psychologique. Les chasseurs-cueilleurs n’ont pas un « mode de production » mais un « mode d’exploitation », selon la définition de Meillassoux (…), alors que l’agriculture, l’élevage, l’industrie, « produisent » les ressources, la chasse et la cueillette «  prédatent  » [exercent la prédation sur] les ressources existantes : « L’homme puise tout ce qui lui sert dans la nature sans l’améliorer ni la modifier » (…). Les marginaux, de la même manière, se procurent leurs ressources par la prédation, non pas dans l’environnement naturel mais dans l’environnement social : le vol et la fraude (homologues de la chasse avec des armes et des pièges) et la mendicité (homologue de la cueillette). La mendicité (comme la cueillette) est individuelle, tandis que le vol et la fraude (comme la chasse), peuvent prendre des formes coopératives. Le temps consacré à la prédation, parmi les marginaux comme parmi les chasseurs-cueilleurs, est dans son ensemble limité, mais irrégulier, et présente cette allure fluctuante, assez caractéristique,  que Sahlins a défini le « rythme paléolithique ».  (…). Les ressources, même si elles peuvent parfois abonder, sont aléatoires. Aucune forme d’accumulation de la richesse n’est pratiquée ; il s’ensuit un régime de fluctuation existentielle où l’on voit s’alterner les périodes d’abondance et celles de pénurie. Sur le plan environnemental les marginaux, comme les chasseurs-cueilleurs, pratiquent également le nomadisme, c’est à dire la dispersion territoriale pour pouvoir exploiter les ressources selon la logique de la  rotation ; et en montrant une grande capacité d’adaptation à l’environnement, qui n’est pas modifié mais parasité. Même sur le plan social les marginaux présentent la caractéristique typique des chasseurs-cueilleurs, c’est à dire la flexibilité des groupes sociaux : le groupe fondamental est la bande, une agrégation souple et instable reliée à l’exploitation des ressources. Il y a une forte idéologie solidaire et égalitaire ; le produit du vol (comme celui de la chasse) est équitablement partagé par le groupe. À l’instar de la chasse par rapport à la cueillette, le vol et la fraude sont valorisés par rapport à la mendicité, comme sont valorisées l’intelligence, l’habileté, l’astuce, l’audace et la capacité de s’exposer au risque, ainsi que la liberté et l’absence de contraintes. Pour finir, on retrouve, aussi bien chez les chasseurs-cueilleurs que chez les marginaux, l’immersion dans le présent (le fait de vivre au jour le jour) ; l’aversion pour le travail (en tant que contrainte, discipline, obligation) ; la propension à l’oisiveté, à la dépense, à l’excès ; un fort sentiment identitaire et de supériorité qui, dans le contact avec les populations qui produisent, engendre une idéologie de l’inversion des valeurs (le « monde à l’envers) et une opposition systématique des deux mondes : les marginaux opposent les droits aux gagi [les paysans perçus comme des poulets à plumer], comme les Pygmées Mbuti opposent la forêt au village » (…). Glauco Sanga, La fiaba. Morfologia, antropologia, storia. Padova, CLEUP Università di Padova, 2020, p. 268-270**. Je reviendrai sur cet ouvrage, probablement.

*Je rappelle que je n’ai rien contre le chasseur contemporain. Je n’aime pas trop, cependant, le chasseur fanatique ou obtus (il y en a quelques uns). Je parle de celui  qui ne tolère pas l’ironie, qui pense que pour valoriser la chasse il faut cacher les évidences fâcheuses, qui aime seulement les analyses partisanes brossant le chasseur dans le sens du poil.

** Ma traduction un peu hâtive.

 

 

mercredi 2 février 2022

Zoonoses imaginaires et folklore

 

D’où viennent les maladies infectieuses? Elles viennent d’ailleurs (parce que c’est ailleurs qu’on trame contre nous).  Et elles cherchent à nous altérer.  J’y pensais l’autre jour à propos de la façon vénitienne d’appeler la coqueluche : la tos pagana (la toux païenne). C’est, peut-être, qu’elle  nous fait tousser comme des païens, des endiablés, avec des sonorités qui ne sont plus les nôtres.  Et elle réveille notre animalité. Au Frioul on l’appelle la tos moltona  (la toux du mouton), en Corse la tossa canina (la toux du chien), en Lombardie la tuss asnina (la toux de l’âne). Certains étymologistes, en France, estiment que coqueluche, à l’origine, signifiait  « la toux du coq ».

lundi 31 janvier 2022

Les chiens de chasse et le Bon Dieu


Passage de Brillat Savarin naïvement persuadé d’avoir un point de vue légitime sur ses rapports avec son chien (Physiologie du goût, ou méditation de gastronomie transcendante, Paris, 1846).

Certains  défenseurs de la cause animale  ont pris l’habitude de diffuser  des images de chiens de chasse torturés par leurs maîtres (ce qui peut arriver, malheureusement, et c’est consternant). Ils partent  du syllogisme suivant : puisque le chasseur est un sadique il traite ses chiens sadiquement. Parfois je me demande d’où leur vient  le sentiment qu'il y a des sadiques partout.

samedi 29 janvier 2022

Gattari et gabbianari





 


Les gattare, en Italie, sont les femmes qui nourrissent les colonies de chats (gatto=chat)*. Je m’aperçois tout d’un coup  que je suis devenu un gabbianaro (gabbiano=goéland). Je nourris Maurice.tte et ses nombreux avatars (ils se présentent un par un me faisant croire que c’est toujours le même) avec des morceaux de pain sec, des pâtes  et autres céréales. Tout à l’heure, la moitié d’un maquereau traînait sur une assiette près de la fenêtre.  Maurice a commencé à gesticuler. Il a ouvert grand  son bec, il a tapé contre la vitre, il a émis des gémissements du genre : « Et moi, alors ? ». Cette frénésie m’a dérangé, mais je ne comprenais pas pourquoi. Après j’ai réalisé. Les prétentions avides de Maurice m’ont rappelé que les goélands, normalement, sont censés se procurer leurs maquereaux tous seuls. Derrière lui, au loin, on apercevait l’océan.  J’ai pensé aux goélands honnêtes et laborieux en train de conquérir leur pitance entre le phare  du Petit Minou et la pointe Saint-Mathieu. J’ai quand-même ouvert la fenêtre. J’ai donné à l’impétrant  deux biscuits qui stagnaient dans  la cuisine depuis un moment (c’est déjà immoral, finalement) et je lui ai dit :  « Contente-toi et laisse–moi tranquille, goodbye ».

* Les représentants du genre masculin sont en train d’augmenter,  paraît-il (je ne trouve pas qu'il faille les stériliser pour autant).

jeudi 27 janvier 2022

Pistons les brebis (nous trouverons les loups)

 

 
 
Collier de chien de berger qu'il faudrait interdire (il risque de blesser les loups)

 

Dialogue imaginaire mais jusqu’à un certain point :

- Tu sais ? En 2020, en France, les loups ont fait 11 849 victimes entre dalmatiens,  furets et autres animaux de compagnie.

- Mais c’est monstrueux ! C’est inacceptable !

- C’était pour rigoler. En réalité ils ont  fait  11 849 victimes entre moutons, chèvres, ânes,  vaches, chevaux …

- Ah,  tu me rassures …

mardi 25 janvier 2022

Les loups, les projectiles de Monsieur Tournade et les dispensateurs de bonté

 


 

Il y a quelques jours, dans une déclaration spectaculaire, le président du syndicat Coordination rurale dans la Creuse a invité ses collègues à régler par les armes et le poison le problème des loups excédentaires. Ce geste de kamikaze, destiné à lui procurer des ennuis judiciaires, mérite d’être interprété.  Il exprime, en même temps que l’exaspération d’une catégorie, la souffrance d’un homme qui vit dans l’angoisse - cette même angoisse qui hante désormais une partie considérable  des troupeaux français attaqués jour et nuit par les grands prédateurs.

On peut interpréter les réactions très dures qui ont fait suite à cette déclaration comme des commentaires légitimes, émanant de la partie la plus sensible et progressiste de notre communauté.

On peut y voir la surdité (une surdité « autistique » ou cynique, selon les cas) d’une opinion publique éloignée des réalités qu’elle prétend juger, incapable d’imaginer le monde dans sa complexité et dispensatrice de leçons à bon marché.

dimanche 23 janvier 2022

Don't touch me. Le covid et la distance sociale


 
Gare de Mestre (Venise). Les pieds sont les miens.

 

Je ne comprends plus rien. Il me semblait que notre projet sociétal,  au départ, était de réduire les distances sociales, pas de les consolider.

 

Je fais de l’humour à bon marché, je l’avoue, mais l’utilisation de  cette formule maladroite* a la capacité de m’irriter. Elle révèle l’existence d’un imaginaire politique de type religieux, reconductible  à la notion de « biopouvoir » (pouvoir providentiel, qui pense à notre salut et nous gouverne amoureusement avec la sage inflexibilité des bergers bibliques). Un imaginaire apocalyptique où, sous le signe de l'urgence, le physique et le social finissent par coïncider.    

Je cherche à garder ma distance mentale.

*Maladroite et arrogante, parce qu'elle se voudrait "neutre" et  "technique". 

samedi 22 janvier 2022

Annonce :

Séminaire - De l’humain animalisé au vivant humanisé (troisième année : risques et avantages de la proximité ontologique)

Bâtiment EHESS-Condorcet
Salle 25-A 
EHESS,
2 cours des humanités
93300 Aubervilliers

lundi 24 janvier de  12:30 à 14:30


L’intervenante prévue ne pouvant pas se joindre à nous, le  programme est légèrement  modifié. Nous poursuivrons  la réflexion, entamée lors de la dernière séance, autour des mobiles de la pulsion animalitaire.

Sergio Dalla Bernardina :


« Aux limites de la bonté. Les ambiguïtés de notre amour pour les autres animaux ».

jeudi 20 janvier 2022

Des fake news circulent autour des araignées


Odilon Redon, 1881 Araignée du soir

« Araignée du matin, chagrin, araignée du midi, souci, araignée du soir, espoir ». Eh bien, c'est faux. De nombreuses expériences scientifiques l'ont démontré*.

Je trouve ce proverbe essentialiste et discriminatoire.

* Ce qui prouve tout l'intérêt, pour le Gouvernement,  de financer les sciences naturelles plutôt que les sciences humaines.

 

 


mardi 18 janvier 2022

Chasse et ruralité (on nie l’évidence, mais pour que le monde soit meilleur)

 

 

Extrait de la table des matière de la revue Le Chasseur Français pour l'année 1951

 

Pendant  longtemps, l’hebdomadaire le plus lu dans les campagnes italiennes a été Famiglia Cristiana. Il arrivait partout, même dans les landes les plus perdues, et il formatait la population. En France, on pourrait dire presque la même chose à propos du Chasseur français. Ce journal à large diffusion ne parle pas que de chasse, mais aussi de jardinage, d’agriculture, de bricolage. On sait qu’il a permis à des dizaines de milliers de célibataires cloitrés dans leurs fermes de trouver leur moitié grâce à sa rubrique « Petites annonces matrimoniales ». On sait aussi que, depuis ses origines (1885), il circule  dans les campagnes  bien au delà du cercle des chasseurs. Actuellement, à quelques mois des élections présidentielles, rappeler que le lien entre la chasse et la ruralité n’est pas le fantasme d’un lobby mais une réalité historique, est fort déconseillé, quitte à passer pour des ennemis du progrès moral. On sait que ce lien existe mais, pour la bonne cause, il faut le cacher.

dimanche 16 janvier 2022

Sapin malin ? Néron à Brest

 

Les arbres sont intelligents, nous assure le forestier et écrivain allemand Peter Wohlleben. Chez les humains, en revanche,  il y a un peu de tout.*

 

 

* Il ne faudrait pas y penser, je le reconnais, mais ça doit avoir donné lieu à une flambée spectaculaire.



vendredi 14 janvier 2022

La viande et la chair

 

 

Pendant un moment, j’ai eu tendance à interpréter  le refus du régime carnivore comme un refus du corps et de sa « viscéralité ». Je retrouve des traces de cette ancienne conjecture dans le passage suivant :

« Les spécialistes de la question animale ont parfois remarqué le caractère infondé de la croyance selon laquelle si on aime les animaux c'est parce que l'on n'aime pas assez les hommes. Ce poncif, bien sûr, n’est qu’un préjugé. On peut, par exemple, aimer à la fois les hommes et les animaux; n'aimer ni les hommes ni les animaux; ne pas aimer les hommes et croire aimer les animaux. Croire aimer les hommes et les animaux et, en fait,  n'aimer personne. On peut aussi ne pas s'aimer soi-même et en vouloir aux autres, ces mangeurs de viande insatiables, ces ventres concupiscents, toujours en train de s’empiffrer et de penser “à ces choses-là“ »*.

C’était réducteur, je le reconnais. 

* Extrait de mon étude : L’éloquence des bêtes. Quand l’homme parle des animaux. Paris, Métailié, 2006., p. 19

mercredi 12 janvier 2022

Rats des marées

 


Brest, autour de 17 heures. Je contemple le port, éclairé en biais par le soleil couchant. Je me retourne et je tombe sur un rat particulièrement bien nourri.  Des bananes, un avocat. Un peu plus loin, des carottes, des radis … À sa place je me méfierais*.

* Mais je ne  vais rien lui dire. C’est un vieux réflexe spéciste, je sais, mais je n'aime pas trop les rats.

lundi 10 janvier 2022

Ponctualité bretonne 2

 


Le fermier qui vend des œufs au marché du dimanche avait raison.  Son panier était plein cette fois, et même avant la date prévue* (le réchauffement climatique, peut-être).  Un client l’interroge :

- Et l’oie ?

- Ah l’oie est partie. Un type est passé sur le chemin avec un quad, elle a eu peur et elle partie. Maintenant elle est dans l’eau, au milieu des bateaux. On l’appelle, mais elle ne veut pas venir. Même le mâle l’appelle. Elle répond, mais elle ne vient pas.

Une cliente ajoute :

- Il lui chante : "Aline, reviens" … mais elle ne revient pas.

Tout le monde se met à  rire. 

* La reprise, selon ses déclarations,  devait avoir lieu le 15 janvier.

samedi 8 janvier 2022

De l'humanitaire à l'animalitaire (annonce)

Je profite de cet espace pour annoncer notre séminaire de lundi prochain  :

Séminaire - De l’humain animalisé au vivant humanisé (troisième année : risques et avantages de la proximité ontologique)

Bâtiment EHESS-Condorcet
Salle 25-A 
EHESS,
2 cours des humanités
93300 Aubervilliers


lundi 10 janvier de  12:30 à 14:30


 


Gaspard Renault

 

“Intimité, intersubjectivité et dette interspécifique : ce que l’animalitaire fait au naturalisme.”

 

À partir des résultats d’une enquête ethnographique menée au sein d’une ONG animalitaire en Bolivie, nous nous interrogerons sur la manière dont les pratiques de réhabilitation d’animaux sylvestres transforment les principes du naturalisme descolien sur lesquels elles se fondent.


vendredi 7 janvier 2022

Des rats et des cailles (qui nettoie quoi ?)

 


« L’étymologie du terme « racaille » n’est pas clairement définie.  Pour Auguste Brachet, dans son dictionnaire étymologique, la terminologie s’appuie sur le diminutif du radical rac qui est d’origine germanique (racker en allemand pour désigner un « équarrisseur ») et dont on trouve une trace dans le vieil anglais rack utilisé pour désigner un "chien". Racaille serait un mot formé sur le même principe que canaille qui dérive indirectement du latin canis (« chien ») et que l’on propose souvent en synonyme ».  (Source : Wikipédia)

 

Le terme « racaille » est dangereux. Il fonctionne comme un boomerang :  on le lance vers les autres (car ils le méritent, et notre patience a ses limites …) mais  il peut nous revenir à la figure.  Ça vaut aussi pour le terme « Kärcher », qui sonne très bien (on dirait une onomatopée) mais qui risque d'attirer l’attention sur la notion de voyou*.

 

* Question annexe : qui est le voyou? C'est aux tribunaux de le décider. 

mercredi 5 janvier 2022

On est ce qu’on mange (pourquoi pas des sapins de Noël?)

 

Non seulement on abrège la vie des sapins de Noël qui, comme l’ont montré les botanistes, sont à leur manière intelligents, mais on les donne à manger aux chèvres. Je trouve cette pratique parfaitement immorale*.

* Dans le folklore chrétien la chèvre est une créature démoniaque. La nourrir avec des sapins de Noël est donc un acte diabolique.

lundi 3 janvier 2022

Respecter le sens. Art de la découpe et éthique animale

 


Physiologus : Adam nomme les animaux (dont certains sont programmés pour être mangés). Cambrai, vers 1270-1275
 
Arrière-pays breton. J'entre chez le boucher et je lui demande des côtes d’agneau*. Il me montre la moitié d’une caisse thoracique**.

 - Parfait. J’en voudrais six.

 Il s’apprête à les couper. Je l’arrête :

 - Excusez-moi : pourriez vous commencer par l’autre côté ?

Il retourne le morceau et me fait remarquer l’agencement géométrique des os. Il ajoute :

- Non, je ne peux pas. Vous comprenez, c’est pour  le respect de  l’animal.

 

* Ce n’est pas Pâques, je le sais.

** Dit comme ça c’est atroce. C’est qu’il ne faudrait pas rentrer dans ce genre de détails.

samedi 1 janvier 2022

Aura-t-on droit à la prochaine année?

 

Jules Breton, La procession des Rogations en Artois. Milieu du XIXe siècle

Est-ce que la nouvelle année sera au rendez-vous ? C’est une question idiote, à première vue. Dans les sociétés traditionnelles, cependant, elle  se posait avec urgence.   Chez les chasseurs-cueilleurs, les agriculteurs,  les éleveurs - là où la fin de l’an coïncidait avec la fin du cycle productif - on se demandait avec angoisse si les ressources prélevées pendant l’année auraient la gentillesse de revenir.  D’où le foisonnement de rituels (d'expiation, de remerciement, de réconciliation...) analysés par Vittorio Lanternari dans son remarquable ouvrage  « La grande festa. Vita rituale e sistemi di produzione nelle società tradizionali (Bari, Dedalo, 2004 [1974] . C’est  un livre universaliste, partant du présupposé que l’angoisse et le sentiment de culpabilité pour l’appropriation du vivant dépassent l’horizon judéo-chrétien*.

*On a tenté de le faire publier en français mais ça n’a pas marché. Ça viendra, peut-être.