mardi 10 décembre 2019

Folklore et propagande




Lorsque je songe à l’antisémitisme, instinctivement,  je l’associe aux Walkyries,  aux sagas germaniques, aux croix gammées. C’est pourquoi, j’ai du mal à comprendre que dans des villes comme Vérone – ce qu’il y a de plus latin et de plus chrétien - les antisémites ne manquent pas.  J’ai trouvé quelques éléments de réponse dans le recueil de Joan Amades que je mentionnais l’autre jour* :

« Pourquoi c’est un péché de tuer les moineaux » :

« Dès que Judas eut vendu Jésus, le moineau courut au jardin des Oliviers pour le prévenir qu’il était en danger et devait essayer de se sauver. Il n’arrêta pas de voler autour de lui et de dire « Jueus, jueus, jueus ! (Les juifs, les juifs, les juifs !).  Cette bonne action lui valut d’être béni par Jésus, et c’est pourquoi on pêche si on tue un moineau » (p. 146).

Dans ces récits folkloriques  la stigmatisation des juifs   est fréquente. Mais cela touche aussi d’autres minorités :

« Comment un gitan fut changé en coucou » :

« Une troupe de gitans vint adorer l’enfant Jésus, et l’un d’eux profita d’un moment de distraction pour mettre dans sa poche l’or que les rois avaient apporté en offrande. Marie le maudit et le changea en coucou. Aujourd’hui il a tous les traits des gitans et il n'a pas de queue, comme les gens de cette race. Tout comme les gitans, qui restent à l’écart des gens, il vit loin des autres oiseaux. (…). (p. 84) ».
Je m'imagine les responsables de l’orthodoxie chrétienne  en train de concevoir  et diffuser ces blagues ethniques aux conséquences catastrophiques.

*(Joan Amades, L'origine des bêtes, Petite cosmogonie catalane. Traduit et préfacé  par Marlène Albert-Llorca.  Carcassonne, GARAE/HESIODE, 1988, p. 272-272).

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