mardi 13 octobre 2020

Les Nouveaux curés. Animalisme et pouvoir

 


Face au "désenchantement du monde" annoncé par Max Weber et étudié en profondeur par Marcel Gauchet* nous sommes tiraillés. D'un côté nous regrettons  le déclin de la spiritualité, l’émergence de l’individualisme, de l’éthique marchande, du capitalisme... ** 

D’un autre côté, nous sommes heureux d’avoir laissé derrière nous le sentiment de culpabilité associé à la tradition  judéo-chrétienne. À notre époque, tant bien que mal, nous pouvons nous livrer aux plaisirs de la chair l’esprit dégagé. Nous pouvons « consommer » sans en avoir honte,  sans que le curé, ou autre porteur de la bonne nouvelle,  vienne jeter un coup d’œil dans notre lit. Ça libère, ça restitue à notre existence une partie de sa naturalité.

Pour cette raison, je trouve inacceptable que les membres du mouvement L214, les animalistes, et autres remplaçants des anciens moralisateurs**, prétendent  faire du prosélytisme dans les écoles. Cela reviendrait à déstabiliser les écoliers en générant chez eux des sentiments de culpabilité d'un genre nouveau ***, avec les troubles psychiques et alimentaires que cela impliquerait.

Une fois le doute sur le  régime carnivore installé ("Est-ce bien ou est-ce mal?"), qui gérerait leurs angoisses ? Les nouveaux ministres du culte, bien évidemment, les "Nouveaux curés". Derrière le discours sur le rapport aux animaux - j’insiste - se cachent des enjeux de pouvoir (pouvoir sur les consciences, pouvoir sur les êtres), dont « nos amis les bêtes » ne sont souvent qu’un prétexte.

Inutile de préciser que  je trouve tout aussi inadmissible la prétention des chasseurs (ainsi que celles des lobbies de la viande, du sucre et du lait) de  faire leur  propagande dans les écoles. Je suis d'ailleurs étonné que le Gouvernement français puisse le tolérer.

  * Et mis en caricature par Michel Maffésoli.

 ** Le religieux n'est pas mort pour autant, il s'est juste déplacé. J'aborde ce thème dans   Faut qu’ça saigne. L'amour de la nature, entre écologie et religion, Éditions Dépaysage, 2020

*** L'interdit se déplaçant des "plaisirs de la chair" aux "plaisirs de la viande" - et le regard indigné  du  censeur, de notre lit à notre assiette.

****Des anciens gestionnaires de l'autorité morale.

 

 


 

11 commentaires:

  1. e allora W l'omicidio?
    le rapine, i massacri?
    ma smettila

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  2. Le lit, l’assiette...
    À la recherche du péché originel.

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  3. ma dai...
    mi deludi sempre più

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    1. Capisco. E ti confesserò che anch’io comincio a trovarmi deludente.

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  4. Signora mia, non ci sono più le mezze stagioni...

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  5. Tanto va la gatta al lardo che deve mettersi a dieta

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  6. Un prosélytisme particulièrement marqué dans le corps enseignant, que vous avez déjà évoqué dans une forme sévère et caractéristique au travers de "pourquoi danser avec les loups"... (suis-je hors sujet?)

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    1. Merci de citer (mais on pourrait dire « ressusciter ») ce vieux texte qui va effectivement dans le même sens et qui est encore plus inaudible, aujourd'hui, qu’il y a quinze ou vingt ans.

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  7. La volonté de faire danser avec les loups était un élément principal de la stratégie de réintroduction. N'enterrez pas trop vite vos vieilles publications. Certains acteurs de cette stratégie, comme L.David MECH, semblent aujourd'hui prendre leurs distances vis à vis de l'emballement médiatique provoqué. "Meuret M., Osty P-L. 2015. Les loups des Rocheuses du nord : chronique d’une icône sous contrôles. Pastum, 104 : 31-39" https://www.coadapht.fr/sites/default/files/2020-01/Meuret-Osty_Loups-Rocheuses_Pastum-104_2015.pdf

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