mercredi 21 octobre 2020

Où est passée la violence d'antan? (2 et fin)

 


 

Photo empruntée à : https://www.lavocedeltrentino.it/2020/06/25/abbattimento-orso-insorgono-le-associazioni-animaliste

En 2019 l’ours M49 a été protagoniste de 44 attaques : 26 étables, 11 ruches, 7 maisons. Il a dépecé 13 vaches ,  7 chevaux,  17 moutons et chèvres,  3 poules, tout en blessant d’autres animaux dans la province de Trento. De quoi mettre de l’ambiance dans la verdure monotone  des vallées alpines.

Dans mon post du 17 octobre je parlais de l’ambiguïté des appels au progrès moral  qui nourrissent le débat animalitaire. Si j’insiste comme un obsédé sur ce point, c’est que, bien que les enjeux soient primordiaux (la respectabilité du citoyen, sa légitimité sociale,  son « rang »)*, cette ambiguïté fait l’objet d’un refoulement collectif **.  Le raisonnement est pourtant très simple :  où est passée la violence qui trouvait son expression dans la chasse, dans la corrida et dans les autres folk games qui avaient pour victimes des bêtes innocentes ?  Elle n’a pas disparu, elle s’est juste déplacée. Elle prend la forme d’un lynchage moral à l’adresse des catégories qui n’ont pas intégré le nouveau paradigme (les catégories qui continuent de pratiquer la mise à mort des animaux sans la déléguer aux autres***).  Elle joue sur l’indignation pour disséminer partout des images sanglantes qui restaient associées, autrefois, à des lieux et à des moments spécifiques.  Elle s’exprime – et c’est encore par délégation - dans l’action des grands prédateurs qui font couler le  sang dans des circonstances éthiquement irréprochables.

Dans Faut qu’ça saigne j’écris :

« Mais si cette saignée périodique de bêtes innocentes remplit des fonctions pharmacologiques, peut-on vraiment s’en priver ? Peut-on renoncer à l’efficacité symbolique assurée par un « vrai mort », un mort en chair et en os, pour se contenter de sa copie ? En d’ autres termes, comment conserver le rôle cathartique du massacre des innocents assuré par les chasseurs sans octroyer à ces derniers le droit de tuer ? Rien de plus simple : en déléguant à d’ autres la fonction sacrificielle »****.

* La  facilité avec laquelle  n’importe quel « zoophile » improvisé  peut  aujourd'hui délégitimer des personnes parfaitement raisonnables  en les qualifiant de « stupides » et d’ « arriérés »   pose des questions éthiques  qu’il serait temps  de débattre.

** Je rappelle l’existence, à côté des enjeux animalitaires, d’enjeux personnels, de pouvoir ou économiques, dont les animaux ne sont que le prétexte.

*** Celles qui ne cachent pas le drame objectif de la mort animale en le réduisant à une question de « bonne » et de « mauvaise » mort.

**** Faut qu'ça saigne. Écologie, religion, sacrifice, Éditions Dépaysage, 2020. L’insistance sur cette ambiguïté, à l’époque où l’amour pour les animaux est devenu un devoir et un status symbol,  rend  ce livre imprésentable ou, plus précisément,   « immonde » au sens étymologique.

2 commentaires:

  1. E quanti umani sono ammazzati da altri umani? E quante donne dai mariti?
    Ma smettila

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  2. Non faccio apposta, stento veramente a capire. Ti spiacerebbe argomentare un po' di più?

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