dimanche 26 décembre 2021

Veaux Sous la Mère et autres foie gras (2). Renoncements opportunistes

 


Mary Cassatt, 1873. Toréador s'interrogeant sur la légitimité morale de la chasse au petit gibier

(Suite du post précédent) Continuons donc avec des exemples de renoncement opportuniste nous permettant, par le noble sacrifice d’une partie des ressources, d’accéder à tout le reste.

« Nombreux sont les pêcheurs ne comprenant pas que l’on puisse chasser, ainsi que les chasseurs jugeant que la corrida est un spectacle écœurant. Inutile d’insister sur le nombre d’esthètes appréciant l’art de la corrida tout en déplorant la passion cynégétique. Mais ce système dépasse le monde des "prédateurs" et des autres tueurs à de fins ludiques. Les adeptes de la viande labellisée, issue de vaches "humanisées", pour ne pas dire "anthropomorphes" dont on connaît le nom et le prénom (Tinette, fille de Prélude et Odyssée, race Brune, née le 5 septembre 2002), trouvent dégoutant, et parfois même immoral, que l’on mange des vaches "de supermarché", parfaitement anonymes et ayant grandi dans des conditions déplorables. Les retraités urbains idolâtrent leurs animaux d’appartement mais se fichent bigrement du sort du bétail dont ils consomment allègrement la dépouille mortelle. À l’instar des Grecs anciens, Musulmans et Juifs orthodoxes considèrent comme indigne que l’on puisse se nourrir d’animaux décédés dans des circonstances non-sacrificielles. Les "Animalistes" modérés rechignent à l’idée de consommer des animaux disposant d’un système nerveux central, ce qui ne les empêche pas de manger des huîtres, des langoustes ou des escargots. Nous ne sommes pas en présence d’une simple liste de préférences ou de dispositions psychologiques »*.

Dans le prochain billet je proposerai ma lecture de ce  jeu des contraires inconscient mais savamment orchestré.

*Issu de L’éloquence des bêtes. Quand l’homme parle des animaux, Paris, Métailié, 2006, p. 179-180.

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