Mauvaise année pour les sapins de noël officiels. Celui de Fox News, à New York, est parti en fumée (exactement comme le Père Noël brulé publiquement devant la cathédrale de Dijon en 1951)*. Quant aux Londoniens, qui avaient qualifié le pauvre « Spelacchio » de « Toilet brush »*, ils se sont vus livrer par les Norvégiens, à Trafalgar Square, un spécimen proche de la brosse à dents. La mairie de Bordeaux a remplacé la sapin traditionnel par une version futuriste, en verre et acier, qui, au lieu de bannir de notre imagination la mort (représentée par l'arbre coupé), ouvre sur un monde sans vie, sidéral, déshumanisé.
Comment interpréter cette série néfaste ? Je propose trois hypothèses :
1) C’est le destin (mauvaises conjonctions astrales).
2) C’est une réaction de Gaïa (la nature brutalisée se venge).
3) C’est un signe joyeux livré à la chrétienté qui annonce le déclin du néo-paganisme.
* Événement immortalisé par Claude Lévi-Strauss dans un article désormais classique. Cf. Les Temps Modernes, n. 77, 1952, pp. 1572-1590
* Spelacchio est le sapin de noël installé à Rome en 2017, devenu célèbre en raison de sa médiocrité, à qui je consacre le dernier chapitre de mon ouvrage : La langue des bois. L ‘appropriation de la nature entre remords et mauvaise foi. Éditions du Muséum d’Histoire Naturelle, 2020
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