jeudi 30 décembre 2021

Veaux Sous la Mère et autres foie gras (4). Le point de vue de l’animal

 

 
Je renonce à une partie pour accéder au reste. Giovanni Benedetto Castiglione, L'offrande à Pan (détail), 1645–60 environ.

 

En résumant le système de légitimation que je viens d'illustrer*,  « Si j’ai le droit de manger ceci, c’est que je m’interdis de manger cela ».

« Tout à fait judicieux, remarquerait l’animal, mais qui a posé les règles ? Qui a décidé que si certaines actions sont interdites, d’autres, automatiquement, deviennent licites ? Vu sous un angle panoramique, l’effet de ces appariements symboliques fait penser à un dispositif "totémique", à une entreprise coopérative où tous les partenaires renoncent à une chose, mais jamais à la même. Ainsi, tout le monde a la conscience tranquille et l’ensemble des espèces (sauf celle de l’homme) est dûment consommé. Les végétariens, eux seuls, renoncent à la viande en général. On pourrait se demander ce qu’ils exigent en échange »**. 

 

Seize ans après la parution de cet ouvrage, les découvertes des botanistes autour de l’intelligence des plantes nous permettent d'avancer quelques hypothèses (le végétarisme, en fait, ne serait qu'une manière plus sophistiquée d'ingurgiter l'âme d'autrui). Mais le rôle assuré par les végétariens dans le fonctionnement de cette entreprise de blanchissement collectif  dépasse la question « animiste ». J’y reviendrai prochainement.

 

* Basé sur le système de l'offrande, je le rappelle.

 **Issu de L’éloquence des bêtes. Quand l’homme parle des animaux, Paris, Métailié, 2006, p. 180 – 181.

1 commentaire:

  1. M’est venue l’envie de vous proposer deux chansons, de deux brestois, séparés par une génération :
    « Alouette », de Miossec, de l’album « Mammifères », paradoxalement,
    et « Jamais assez » (qui tourne davantage autour du sujet de la dîme), de Weg, dans son premier album prometteur « Overnight ».

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